Clare Laking 1899-2005

Un des derniers liens du Canada avec la Grande Guerre est décédé. On croit que Clare Laking, un jeune de 18 ans plein de cran qui a pris du service en 1917, était le dernier ancien combattant vivant ayant combattu à la Première Guerre mondiale. Il n’y aurait plus que quatre vétérans de la Première Guerre mondiale encore vivants. Laking, qui était en bonne santé jusqu’à ses derniers jours, est mort le 26 novembre au Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre, à Toronto. Il était âgé de 106 ans.

S’engager lors de la Grande Guerre était un geste de défi pour le jeune Charles Clarence Laking, dont le père, un pacifiste ministre du culte laïque de l’Old Methodist Church, assistait aux réunions de recrutement pour “réfuter tout ce qu’on y disait”. “Ça m’embarrassait”, se rappelait le centenaire en 2003 lors d’une interview qu’il nous avait accordée. Alors le jeune a quitté la ferme de sa famille près de Campbellville (Ont.) et son emploi à la Banque de la Nouvelle-Écosse pour aller outre-mer en tant que simple soldat de la 4e Brigade de la 27e Batterie de l’Artillerie canadienne.

Pendant son service d’un an et demi, Laking a eu le genre d’éducation qu’on ne peut obtenir qu’à la guerre. Il a appris le code Morse en Angleterre, et puis il est allé au front en tant que signaleur, en France, où il installait des lignes téléphoniques le long des tranchées boueuses pour assurer les communications. Bien qu’il avait à peine failli participer à la bataille majeure de la crête de Vimy, l’adolescent a eu sa part d’excitation; et d’expériences à proximité de la mort.

En maintes occasions, Laking a vu des obus exploser un peu trop près à son goût. Il a fini par être touché lui-même. Alors qu’il transportait un camarade blessé à un poste de secours, il demanda à un autre soldat, “Y a-t-il un trou dans ma tunique?”. L’arrière de son épaule droite avait été déchirée par un éclat d’obus, le forçant à passer quelques jours à l’hôpital.

Le garçon était devenu un homme quand il revenait au Canada, fortifié par l’expérience et déterminé à prouver quelque chose à son père qui avait peur qu’il succomberait aux influences des spiritueux et du beau sexe. “J’étais décidé à lui faire honte. Je n’ai pas touché une seule fois à ma portion de rhum, tout le temps que j’étais là-bas. J’ai mené une vie irrépréhensible et je suis revenu; il n’en a jamais parlé, je n’en ai jamais parlé. Tout a recommencé comme ça allait avant la guerre.”

Pendant un certain temps, le jeune ancien combattant a repris la vie de fermier, mais son oncle qui était marchand de bois à Toronto lui a offert un emploi de comptable peu de temps après. “Ça m’a fait découvrir le détail de l’industrie du bois d’oeuvre.” Quand, en 1929, Laking voulait se marier, il a demandé une augmentation à son oncle. Ayant essuyé un refus, l’homme de 30 ans démontra à nouveau la ténacité dont il était capable. “Je me suis mis en rogne et j’ai donné ma démission. Mon oncle m’a appelé pour me dire, ‘Je peux payer autant que n’importe qui’. Mais, à ce moment-là, Laking avait déjà trouvé un emploi chez un autre marchand de bois. Il a fini par être propriétaire de sa propre entreprise, Danforth Wallboard.

L’ancien combattant a eu encore plus de succès en amour qu’il en a eu en affaires, et ces dernières marchaient très bien. Son union avec Helen Paterson a duré 64 ans, jusqu’à la mort de cette dernière en 1993. “C’était une fille de Toronto, une secrétaire juridique, et je n’aurais pas pu trouver mieux.” Ensemble, ils ont élevé deux enfants, Keith et Sheila, et leur vie était pleine de rires; voici les trois secrets de Laking pour vivre longtemps : “Essayer de trouver le côté drôle de la vie à la place d’être toujours sombre. Rester actif : j’ai joué au curling jusqu’à l’âge de 96 ans. La troisième chose c’est, continuer de respirer.”

Laking a fait une impression durable aux gens qu’il a rencontrés aux cérémonies du Souvenir, auxquelles il assistait plus souvent durant les dernières années de sa vie. Le signaleur de la Seconde Guerre mondiale Bob Martin, de Scarborough (Ont.), se souvient que lorsqu’il a rencontré Laking pour la première fois en 1999, à un souper que la Légion donnait en l’honneur d’anciens combattants, le centenaire a surpris tout le monde en conduisant lui-même pour s’y rendre. Ce soir-là, les deux signaleurs se sont mis à bavarder et ils ont gardé le contact par la suite. “Il y avait toujours une note joyeuse dans sa voix”, dit Martin.

Portent le deuil de Laking ses deux enfants, quatre petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants

Search
Connect
Listen to the Podcast

Leave a Reply