Une vie de service

Chris Snider d’Oakville, Ont., était sous-lieutenant quand il commandait le 8e Peloton de la compagnie « C » du 3e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. La Croix militaire lui fut décernée pour avoir dirigé une patrouille de 10 hommes deux fois sous les attaques au mortier en territoire infesté d’ennemis.
LM

Le sous-lieutenant Chris Snider, 21 ans, commandait le 8e Peloton de la compagnie « C » du 3e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry lorsque sa patrouille de 10 hommes fut prise sous les tirs de mortiers chinois installés
dans les collines d’en face.

C’était la nuit du 25 avril 1953, et Snider avait détecté des troupes ennemies s’approchant d’eux dans la zone neutre qui formait la frontière entre les Corée.

La guerre durait alors depuis près de trois ans. Snider, un volon-taire de l’armée canadienne né aux États-Unis qui avait grandi à Oakville, en Ontario, s’était habitué au sifflement des balles de carabine et de mitrailleuse près de lui, ainsi qu’à la pluie aléatoire des obus.

La patrouille était accroupie entre les bermes d’une rizière. Le reste du bataillon était loin derrière. Les batteries d’artillerie encore plus.

« Avec beaucoup de sang-froid, cet officier a continué d’observer les mouvements de l’ennemi et a dirigé des tirs d’artillerie très précis sur le corps principal de vingt à trente soldats ennemis », est-il dit dans la citation de la Croix militaire que Snider a plus tard reçue.

D’anciens avions-écoles appartenant à la Canadian Harvard Aircraft Association de Tillsonburg, Ont., ont effectué plusieurs défilés aériens au centre Sunnybrook pour anciens combattants lors de la cérémonie du jour du Souvenir. À la tête du défilé du centre Sunnybrook se trouvaient les cornemuseurs du 400e Escadron tactique d’hélicoptères de l’ARC. Des membres de leur famille, des amis et des membres du personnel du Sunnybrook ont longé la voie piétonne jusqu’au cénotaphe du campus, applaudissant les anciens combattants alors qu’ils se rendaient à la cérémonie réglée à l’extérieur.
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Les Chinois continuèrent d’avancer jusqu’à ce que des obus de 25 livres de l’artillerie de la coalition, tirés à plus de deux kilomètres en arrière, tombent à moins de 22 mètres de la position de Snider. C’est là que l’ennemi rebroussa chemin.

« Ce n’est vraiment pas passé loin, a reconnu Snider, mais nous étions habitués. »

Pendant ce temps, le feu de mortiers chinois affluait, gagnant même en volume.

« Sans égard pour sa propre sécurité, le lieutenant Snider s’est déplacé dans toute sa zone de patrouille pour vérifier la sécurité de ses hommes et les rassurer, est-il écrit dans la citation. Lorsque le feu de mortiers s’est calmé, il a choisi un homme pour fouiller la zone à la recherche de morts ou de blessés ennemis avec lui. »

Ils n’ont trouvé que des bandages ensanglantés, nous a expliqué Snider, désormais âgé de 92 ans, après les cérémonies du jour du Souvenir au centre pour anciens combattants Sunnybrook de Toronto. Ils retournèrent à la position de leur patrouille et se replièrent.

« Grâce à l’action courageuse de cet officier, il n’y a eu aucune victime dans la patrouille en attente et l’ennemi n’a pas pu atteindre son objectif. »

« Avec beaucoup de sang-froid, cet officier a continué d’observer les mouvements de l’ennemi et a dirigé des tirs d’artillerie très précis sur le corps principal de vingt à trente soldats ennemis. »

Désormais depuis longtemps à la retraite, et président du conseil des anciens combattants de Sunnybrook, Snider a confié aux gens qui assistaient au service au cénotaphe et à la cérémonie

de dépôt de couronnes de l’établissement que le 11 novembre avait suscité chez lui beaucoup d’émotions et de « souvenirs d’amis perdus ».

Selon lui, le cénotaphe de Sunnybrook nouvellement dédié sert à « nous rappeler tous ceux qui ont perdu la vie au service du Canada ».

« La responsabilité nous incombe de ne jamais oublier le service, ancien ou actuel, des soldats, marins, aviateurs et marins marchands canadiens. »

Plus de 1 000 résidents, membres de leur famille et membres du personnel du centre Sunnybrook pour anciens combattants de Toronto se sont rendus aux cérémonies du jour du Souvenir.
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Sunnybrook a ouvert ses portes en 1946. C’était alors un hôpital pour le personnel militaire canadien revenant de la Seconde Guerre mondiale. Ce centre pour anciens combattants, qui fait partie du vaste centre des sciences de la santé du même nom de 400 hecta-res, accueille un peu moins de 200 résidents, dont plus de 50 anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale au moins centenaires.

Chaque jour du Souvenir, les résidents, leurs familles et le personnel assistent à une cérémonie privée à l’intérieur, puis ils se rassemblent dehors, sur le boulevard Raab (nommé en l’honneur des donateurs et bénévoles Alexandre et Jeannine Raab) pour un défilé jusqu’au cénotaphe, où ils passent sous les applaudissements du personnel et des autres personnes qui se pressent le long de la passerelle menant au parc de l’hôpital Sunnybrook.

Au programme de la cérémonie de 2024 figurait la chanson « Blowin’ In The Wind » de Bob Dylan, interprétée par des élèves de la John Wanless Junior Public School, ainsi que le dépôt de couronnes par des membres du 400e Escadron tactique d’hélicoptères de l’Aviation royale canadienne et des étudiants du Upper Canada College.

« La responsabilité nous incombe de ne jamais oublier le service, ancien ou actuel, des soldats, marins, aviateurs et marins marchands canadiens. »

Sur la péninsule coréenne, d’autres d’exploits allaient avoir lieu avant que Snider ne reçoive la Croix militaire.

Huit semaines après ses actes du mois d’avril, le 13 juin 1953, Snider prit un nouveau risque en se précipitant devant sa patrouille pour sauver à lui seul trois soldats immobilisés par une attaque aux mortiers alors qu’une patrouille chinoise s’approchait.

« Nous avions rencontré un nombre d’ennemis plus grand que prévu, se souvient Snider. Nous étions une dizaine, si je me souviens bien. Ils étaient entre 20 et 25. Ils auraient été chinois à ce stade-là, mais certains auraient pu être nord-coréens. C’est difficile à dire. »

Avec des obus tombant autour d’eux et entre eux, et au risque d’être envahis par une force ennemie supérieure, « pas sans combattre », nous a-t-il assuré, il a demandé une autre frappe d’artillerie.

Des élèves de l’Upper Canada College ont déposé des couronnes à la cérémonie réglée au cénotaphe du Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto (ci-dessus). Ed Marshall, membre du 1er bataillon canadien de parachutistes lors de la Seconde Guerre mondiale, a recueilli 105 000 $ pour le Toronto Sick Kids Hospital, en sautant d’un avion à l’âge de 100 ans, le 12 juillet 2024. Il est accompagné à l’occasion du jour du Souvenir au centre Sunnybrook pour anciens combattants par sa ludothérapeute, Jacqueline Chelsky (en regard à gauche). La résidente du Sunnybrook Valentina Belianskaia, âgée de 102 ans, a servi dans les forces soviétiques pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle a rendu l’âme le 15 novembre (en regard à droite).
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« Il s’est exposé à plusieurs reprises pour tenter d’attirer les tirs d’armes légères de l’ennemi et a personnellement fouillé la zone présumée de l’ennemi, est-il écrit dans sa citation qui couvrait les deux actions. L’ennemi a été observé en train de regagner ses propres lignes, et il a dirigé des tirs d’artillerie et de mortier sur eux. »

« La maitrise rapide, efficace et offensive de toutes les situations par cet officier a mené à l’absence de victimes et à la perpétuation de la domination de la zone neutre. Le lieutenant Snider a agi en tout temps selon les normes les plus élevées de l’infanterie et a été source d’inspiration pour ses hommes. »

Après la Corée, Snider passa en revue les options qui s’offraient à lui. Il pouvait reprendre son travail de préposé dans une station-service Shell au Canada ou continuer de gravir les échelons d’officier dans l’armée canadienne. Le choix fut facile.

Membre du Patricia jusqu’au bout, il servit à Chypre, en Allemagne de l’Ouest, en Angleterre et au Pakistan, et il fut le dernier attaché militaire de l’ambassadeur du Canada en Afghanistan avant l’invasion des Soviétiques de 1979.

Il a servi pendant 36 ans et a pris sa retraite, en 1987, avec le grade de brigadier-général.

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