« Les forces américaines se sont emparées de la masse du Parlement du Haut-Canada, l’Ontario, lors de la bataille de York du 27 avril 1813, pendant la guerre de 1812, déclara le président américain Franklin Roosevelt le 4 mai 1934. Cette masse, symbole de l’autorité législative à York (désormais Toronto) depuis 1792, est conservée à l’Académie navale des États-Unis, à Annapolis. »
Taillé dans du bois tendre, peut-être du sapin ou du pin, et mesurant 142 centimètres de longueur (4 pi 8 po), ce butin américain vieux de plusieurs siècles était considéré d’apparence primitive malgré sa valeur symbolique pour la gouvernance anglo-canadienne. Les chroniqueurs le décrivaient souvent comme doré avec des touches de rouge, mais il s’agissait simplement de peinture couleur or.
Cependant, en s’en emparant ce jour fatidique d’avril, « les soldats et les marins de la jeune république [américaine] ont snobé la majesté de la Couronne, le roi George III en personne », explique Ewan Wardle, qui travaille au lieu historique national du Canada Fort-York.
Les masses furent des armes privilégiées au Moyen Âge. Tel était le cas des évêques martiaux de la période médiévale, qui ne pouvaient pas utiliser d’armes pouvant faire couler le sang, telles que les épées, car ils obéissaient à la loi canonique. Une massue permettait donc de respecter les serments faits à Dieu tout en accordant aux membres du clergé la possibilité de se défendre contre des adversaires portant casque et armure.
Dès le XIIIe siècle, les masses firent l’objet d’une déférence dans le cadre de cérémonies. Elles devinrent par la suite des symboles de l’autorité législative pour les présidents du Parlement britannique, puis, à partir du XVIIIe siècle, au sein des colonies canadiennes de l’Empire britannique.
En 1813, la masse du Haut-Canada se trouvait à York, après le déménagement de la capitale provinciale de Newark (aujourd’hui Niagara-on-the-Lake, Ontario) en 1796.
À York, après avoir traversé le lac Ontario à bord de quelque 14 navires, une force d’environ 2 700 soldats et marins américains lança une attaque en avril 1813.
avant d’incendier les bâtiments gouvernementaux de York, plusieurs objets symboliques, dont la masse, furent emportés en tant que butins de guerre
La supériorité numérique des envahisseurs commandés par le brigadier-général Zebulon Pike contre la défense de 700 hommes du général britannique Roger Sheaffe fut vite manifeste. Pour les miliciens, les guerriers Mississauga et Ojibwa et les 300 débardeurs du Canada chargés de la défense de York, c’était clairement une cause perdue. Et la résistance britannique à Fort York ne pouvait pas endiguer ce raz-de-marée. Voyant la situation désespérée, Sheaffe ordonna à son armée de se replier à Kingston, mais d’abord de mettre le feu à un magasin de poudre à canon. L’explosion causa la mort de Pike, qui rendit l’âme la tête sur un Union Jack pris à l’adversaire. Furieux, les Américains et leurs sympathisants canadiens mirent la ville à sac.
Quelque 2 500 livres furent également volées à la trésorerie; des parties démantelées du navire de guerre Duke of Gloucester furent saisies; et avant d’incendier les bâtiments gouvernementaux de York, plusieurs objets symboliques, dont la masse, furent emportés en tant que butins de guerre.
Les Britanniques prirent leur revanche en incendiant Washington, D.C. l’année suivante, mais le sceptre législatif du Haut-Canada resta aux États-Unis pendant 121 ans, jusqu’au 4 juillet 1934, journée du dévoilement d’un mémorial à Toronto dédié aux pertes américaines lors de la bataille de York.
« Depuis l’accord de 1817, avait déclaré Roosevelt lorsqu’il exhortait au retour de l’artéfact pillé, aucun des deux pays n’a […] maintenu d’armement hostile de son côté de la frontière; et chaque année qui passe cimente la paix et l’amitié entre [leurs] peuples. »
Bien qu’elle ait été remplacée – plusieurs fois, en fait –, la masse du Haut-Canada est désormais exposée à l’Assemblée législative de l’Ontario à Toronto.
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