Repoussés à Beauport

Une gravure à l’eau-forte des alentours de 1770 représente la bataille de Montmorency du 31 juillet 1759 près de Québec (en regard).
Toronto Public Library/JRR65

Pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), la Grande-Bretagne était décidée à s’emparer de la Nouvelle-France. En 1759, elle envoya une imposante flotte sur le fleuve Saint-Laurent forte de 7 000 soldats commandés par le major-général James Wolfe.

Elle arriva à Québec le 26 juin. Wolfe réalisa vite que le meilleur endroit où débarquer ses troupes était à la rive de Beauport, juste à côté de Québec, sur la rive nord du Saint-Laurent.

Le lieutenant-général Louis-Joseph de Montcalm, commandant des forces françaises, l’avait bien deviné, et il avait fait construire d’importantes défenses sur 10 kilomètres entre les rivières Saint-Charles et Montmorency. Des milliers de soldats français étaient fermement retranchés sur l’escarpement surplombant le rivage, et chaque maison y était fortifiée. Les hauteurs s’étendaient jusqu’à la rivière Montmorency, qui prend ensuite une gorge escarpée célèbre pour sa haute chute d’eau se déversant dans le Saint-Laurent. Le littoral peu profond et les bancs de vase en contrebas étaient protégés par des redoutes hérissées de canons tandis que des batteries d’artillerie flottantes manœuvraient non loin.

Le plan de Wolfe était de faire débarquer des troupes sur la côte rocheuse de Beauport pour aller détruire l’une des grandes redoutes françaises située à 1,6 km à l’ouest de la chute Montmorency. Cela permettrait aux renforts de débarquer en toute sécurité et, espérait-il, amènerait les Français à abandonner leurs positions sur les falaises pour s’engager dans une mêlée générale. En même temps, une force de 2 000 Britanniques qui avait débarqué à l’est de la chute les 8 et 9 juillet traverserait la rivière à un gué peu profond et attaquerait le flanc gauche bien protégé des Français.

La Grande-Bretagne était décidée à s’emparer de la Nouvelle-France.

Le 31 juillet à midi, la bataille de Montmorency commença lorsque le HMS Centurion, navire de guerre de 60 canons, et deux bâtiments de transport de troupes armés de 14 canons chacun se mirent à bombarder les redoutes françaises. Mais, ils n’eurent que peu d’effet.

Wolfe s’aperçut vite que le rivage était largement à portée de mousquet des soldats français placés en haut de la falaise, et que ses troupes seraient à découvert. L’attaque continua quand même.

Alors que les soldats britanniques venant de l’est traversaient lentement la rivière Montmorency, vers 18 heures, Wolfe fit débarquer ses meilleures unités : 13 compagnies de grenadiers aguerris et 200 soldats du 60e (Royal Americans), environ 1 500 hommes en tout. Ils seraient appuyés par les presque 2 000 soldats de la deuxième vague qui débarque-raient ensuite. Les Français se retirèrent sagement de la redoute, puis ils soumirent les grenadiers à des tirs meurtriers d’en haut.

Les soldats britanniques du major-général James Wolfe (ci-contre) finirent par être repoussés par la force française du lieutenant-général Louis-Joseph de Montcalm (à droite).
James Highmore/Wikimedia; Archives de l’Ontario/Wikimedia

William Hunter, aspirant de marine britannique, fut témoin de la scène : « Nos hommes étaient terriblement exposés et incapables d’avoir le moindre effet sur l’ennemi. » Sans attendre les ordres, ni même les renforts qui avaient commencé à débarquer, les grenadiers d’élite se lançaient furieusement à l’assaut des retranchements français.

Selon le capitaine John Knox qui en fut témoin oculaire, les grenadiers mal disciplinés étaient « impatients d’acquérir de la gloire ». Ce fut un massacre : des dizaines d’hommes trop près les uns des autres furent victimes de la concentration massive des balles et de la grenaille des mousquets français.

Un orage soudain et violent transforma « la pente abrupte en glissade d’eau. Ne pouvant ni tirer ni s’avancer, les grenadiers rebroussèrent chemin en patinant et en trébuchant », a écrit l’historien D. Peter MacLeod. Wolfe fut témoin de l’attaque futile des grenadiers et la décrivit objectivement comme étant « une marche chaotique et un comportement étrange ».

Mais, voyant que la situation était désespérée, il ordonna l’évacuation immédiate du rivage de Beauport et le retrait de la colonne de troupes de Montmorency. Les victimes britanniques se chiffrèrent à 210 morts et 233 blessés. Chez les Français, il n’y avait eu que 21 morts et 46 blessés, tous victimes de l’artillerie.

Wolfe écrivit ceci par la suite : « La faute […] je l’endosse entièrement. »

Six semaines après, Wolfe défit Montcalm aux plaines d’Abraham, lors d’une bataille qui mena finalement à la perte de la Nouvelle-France et qui couta la vie aux deux généraux.

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