
Muggins était un collecteur de fonds chevronné qui a recueilli plus de 21 000 $ pour des associations d’anciens combattants et la Croix-Rouge pendant les deux guerres mondiales (environ 400 000 $ au cours actuel). C’était aussi un bénévole très décoré qui a récolté huit médailles et une reconnaissance internationale pour ses efforts. Et surtout, étonnamment, Muggins était en fait un chien.
On croisait souvent ce Spitz de race pure au manteau blanc soyeux au centre-ville de Victoria dans les années 1910. En 1920, quand il décéda d’une pneumonie à l’âge de sept ans, un taxidermiste habile sut garder sa silhouette intacte, en hommage à ses efforts de guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le chien empaillé fut exposé dans divers endroits de Victoria afin de continuer à collecter des fonds pour l’effort de guerre. Et puis, au milieu des années 1950, on finit par oublier Muggins. Il était passé si souvent d’une main à l’autre que des historiens ne purent retrouver l’animal. Muggins avait disparu. Jusqu’à récemment.
Découvert dans le cabanon d’un résident de la banlieue View Royal de Victoria, le chien empaillé a été restauré pour lui redon-ner son ancienne gloire. Muggins devrait être exposé à la résidence du lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique cet été.
Muggins est né en 1913 dans une famille riche. William Roper Hull, célèbre entrepreneur et philanthrope de Calgary, le donna à des membres de la famille Hull, puis Muggins se retrouva finalement chez Beatrice Woodward. Cette Britannique qui vivait à Victoria était une activiste convaincue, engagée au service de la communauté.
Bien que l’on ne puisse que spéculer sur la façon dont Woodward avait si bien dressé Muggins, il devint rapidement partie intégrante du cadre indispensable des dons faits à la Croix-Rouge lors de la Première Guerre mondiale. Muggins, deux troncs de la Croix-Rouge sur le dos, se trouvait souvent près de l’hôtel Empress de la ville ou sur le quai pour solliciter des dons aux habitants en battant de la queue.
Dédié à la cause, Muggins allait parfois travailler seul, embarquant à bord de traversiers et de navires de ligne pour solliciter joueurs et visiteurs. Muggins devint une mascotte célèbre en recueillant des milliers de dollars pour la Croix-Rouge. Il fit la rencontre du prince de Galles et du célèbre général canadien Arthur Currie.

Le chien est rapidement devenu partie intégrante du cadre indispensable des donations à la Croix-Rouge lors de la Première Guerre mondiale.
Selon Grant Hayter-Menzies, auteur de Muggins : The Life and Afterlife of a Canadian Canine War Hero (la vie et la vie après la mort d’un héros de guerre canin, NDT), le chien affichait son désarroi lorsqu’il avait l’impression que ses troncs n’étaient pas assez lourds et n’avaient donc pas assez de pièces de monnaie. « C’était un héros militaire, même s’il n’a jamais mis la patte sur un champ de bataille », a-t-il déclaré.

Alors qu’il rédigeait un projet sur l’histoire de la Croix-Rouge, l’officier de police militaire à la retraite Paul Jenkins fut captivé par Muggins, mais il n’avait que peu d’espoir de retrouver le chien empaillé. La Croix-Rouge avait pourtant publié des avis de recherche. Et un jour, une piste mena au cabanon de View Royal.
Hayter-Menzies a financé la restauration du chien empaillé grâce à ses droits d’auteur. Ce Muggins tout neuf se trouve maintenant dans l’atelier de Jenkins, dans une vitrine en plastique acrylique. Muggins sera exposé temporairement à la résidence du gouverneur cet été; cependant, Jenkins essaie toujours de lui trouver une demeure permanente.
Pour Jenkins, l’importance de Muggins est inestimable : « La raison d’être de Muggins était d’apporter de l’espoir dans un monde polarisé. »
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