Des promesses, encore des promesses

Des membres des Cameron Highlanders of Ottawa, un régiment d’infanterie de la Première réserve, défilent à Ottawa, en Ontario
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Nous sommes là pour défendre notre mode de vie actuel et futur, affirmait à la mi-octobre 2022 Wayne Eyre, général et chef d’état-major de la défense. Il faut donc que la société dans son ensemble nous prête main-forte pour que les Forces armées redeviennent ce qu’elles doivent être face au monde dangereux qui nous attend. »

Nous n’avons rien à redire à cela. Toutefois, les patrons d’Eyre au gouvernement fédéral ne tiennent pas les nombreuses promesses faites il y a des années pour que les Forces armées canadiennes aient Protection, Sécurité, Engagement, comme le titrait la politique de défense du Canada de 2017.

Que les choses soient claires : on ne parle pas d’un renforcement de la défense nationale. Et ce n’est pas non plus une attaque partisane. Il s’agit simplement de faire le compte des engagements pris et respectés. Il y a des problèmes, et ils ne datent pas d’hier.

Commençons par le maintien de la paix, un rôle et un engagement international dont s’enorgueillit le pays depuis longtemps et qui lui donne théoriquement du cachet en matière de sécurité et de diplomatie dans le monde. Le Canada ne comptait que 59 membres dans des missions de l’ONU selon les dernières données.

Mais, lors de la conférence sur le maintien de la paix organisée à Vancouver en 2017, le premier ministre Justin Trudeau promettait que le Canada allait mettre « une gamme de capa-cités spécialisées à la disposition de l’ONU ». Il s’agissait notamment d’une force de réaction rapide (FRR) de 200 soldats avec l’équipement connexe, d’une force opérationnelle de l’aviation avec des hélicoptères armés, et d’un soutien du transport aérien tactique pour les soldats et l’approvisionnement aux missions.

On peut arguer que le pays a tenu les deux dernières promesses (il a envoyé une unité d’hélicoptères au Mali en 2018-2019 et fourni un avion de transport à des missions de l’ONU en Afrique), mais la FRR n’était toujours pas concrétisée à l’échéance du calendrier en mars 2022. Le cabinet a ensuite prolongé l’échéance à mars 2023. Retenons notre souffle.

Par ailleurs, comme nous l’avons mentionné dans notre dernier numéro, les membres des FAC sont confrontés à une importante pénurie de logements : au début de l’automne, 4 500 militaires et leur famille étaient sur une liste d’attente de l’Agence de logement des forces. Il y a cinq ans, cet orga-nisme fédéral a proposé la construction de 1 300 logements sur dix ans, ainsi que d’autres options, comme des locations et des partena-riats publics-privés pour pallier l’insuffisance de logements. Depuis, 132 habitations ont été construites, soit 10 % de l’objectif proposé.

Passons à la pénurie de recrues dont on entend souvent parler. Actuellement, c’est carrément une crise. En 2017, les FAC se sont engagées à augmenter de 3 500 le nombre de militaires réguliers pour atteindre 71 500 membres, et celui des réservistes de 1 500 pour 30 000 membres. Il y a aujourd’hui environ 6 000 membres réguliers des FAC de moins qu’il y a cinq ans, tandis que le nombre des réservistes n’a guère changé. En outre, l’objectif de 25 % de femmes dans les forces d’ici 2026 semble tristement irréalisable. Selon les dernières données, elles ne sont que 16 %.

Bien entendu, si l’on ajoute les problèmes d’approvisionnement perpétuels (chasseurs à réaction, pistolets et véhicules spéciaux, par exemple), les retards dans la livraison de bâtiments navals et le report de dix ans de l’ouverture de l’installation navale de Nanisivik (qui aurait dû avoir lieu en 2013), pour ne citer que quelques exemples, une tendance évidente se dégage.

Toutefois, des changements se dessinent peut-être à l’horizon. Le gouvernement fédéral a annoncé dans le budget de 2022 une nouvelle analyse de la politique de défense pour actualiser celle de 2017, en faisant remarquer qu’« en raison des événements récents, le gouvernement doit réévaluer le rôle, les priorités et les besoins du Canada dans un monde en évolution ».

Espérons que les promesses faites à l’armée seront respectées. 

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