La bicyclette du débarquement

Hauled bicycle like this one that sparked a friendship between Marius Aubé.

Rapide et silencieuse, cette bicyclette pliante joua un rôle clé pour les Canadiens en Normandie

Les 14 000 soldats canadiens qui débarquèrent à Juno Beach le jour J du 6 juin 1944 avaient apporté du matériel bien curieux : plus de mille bicyclettes.

Alors que les Alliés débarquaient et se déployaient sur les plages du nord de la France, les Canadiens avaient pour mission d’établir une tête de plage et de percer vers Caen. La plupart des bicyclettes étaient distribuées aux fantassins pour leur permettre de se déplacer plus rapidement et plus furtivement, avec pour consigne de les laisser sur place une fois usage fait.

Les civils récupéraient souvent les bicyclettes abandonnées pour leurs déplacements là où régnait une pénurie de carburant pendant et après la guerre. Comme elles rendaient service jusqu’à ce qu’elles tombent en morceaux, peu ont subsisté.

Des Canadiens qui ont débarqué à Juno Beach le jour J transportaient des bicyclettes
MDN/BAC/4233778

Mais, l’une de ces bicyclettes a survécu, et elle a enrichi la collection du Centre Juno Beach, musée canadien aménagé près de la plage du débarquement. « Nous n’avons pas acquis une simple bicyclette, mais un objet chargé d’histoire », a écrit Marie-Ève Vaillancourt, responsable expositions et développement, sur le site Web du centre.

La bicyclette modèle « Airborne Folding Paratrooper » de l’entreprise Birmingham Small Arms (BSA) fut remise à Marius Aubé du Corps royal de l’intendance de l’Armée canadienne. Il atterrit près de la plage de Graye-sur-Mer le jour J. L’intendance mit à profit ses bicyclettes qui servaient d’appoint aux camions lourds et aux jeeps fournissant la nourriture, le carburant et les munitions aux soldats lors de leur progression vers le front.

Le soldat Aubé, de Sherbrooke, Qc, se noua d’amitié avec une famille d’agriculteurs à Banville, en France, et lorsque le Corps partit, il donna sa bicyclette au garçon de 14 ans, Christian Costil, scellant ainsi une amitié qui dura toute une vie et pendant laquelle ils entretinrent une longue correspondance. Certaines de leurs lettres ont aussi été remises au musée.

Costil utilisa la bicyclette à la ferme pendant 14 ans, puis il s’en servit pour faire ses tournées en tant que releveur de compteurs électriques jusqu’à sa retraite, en 1985. La bicyclette, précieusement conservée et méticuleusement entretenue, prit aussi sa retraite. Comme le souhaitait Christian Costil, elle fut donnée au musée après son décès en novembre 2020.

Christian Costil
Centre Juno Beach

La BSA avait commencé à fabriquer des bicyclettes en 1880. Pendant la Première Guerre mondiale, elle approvisionna l’armée britannique en mitrailleuses Lewis en plus d’équiper de bicyclettes les soldats britanniques. Les bicyclettes firent vite leurs preuves en fournissant aux soldats un moyen de se déplacer facilement et rapidement. De surcroit, elles étaient plus faciles à entretenir que les chevaux.

L’entreprise continua de produire des bicyclettes pour les consommateurs après la Grande Guerre, il lui fut donc facile de reprendre une production militaire lorsqu’éclata la Seconde Guerre mondiale. La BSA produisit 130 000 bicyclettes militaires, dont plus de 60 000 destinées à être aéroportées pour des planeurs ou des parachutistes.

Le cadre des bicyclettes aéroportées était doté de charnières et l’on desserrait deux écrous à oreilles pour les plier en deux. La bicyclette pouvait être larguée avec son propre parachute, mais pliée, elle pouvait aussi accompagner le parachutiste lors de son saut. Les roues s’attachaient à la suspente du parachute, et lorsque le parachute se déployait, le parachutiste pouvait baisser la bicyclette pour qu’elle touche terre en premier. Après l’atterrissage, il n’y avait plus qu’à redresser les roues, serrer les écrous à oreilles et se mettre en selle. 

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