Enterrer la hache de guerre

En 1701, la Grande Paix de Montréal rassembla 39 Premières Nations 

Les signataires des Premières Nations apposèrent des pictogrammes représentant leurs peuples respectifs.
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L’un des moments les plus importants de l’histoire canadienne eut lieu à Montréal le 4 aout 1701. 

Ce jour-là, des représentants de 39 Premières Nations se joignirent au gouverneur de la Nouvelle-France, Louis-Hector de Callière, pour signer la Grande Paix de Montréal. Elle mettait fin à la guerre atroce que la Nouvelle-France et ses alliés autochtones menaient contre la Ligue des Iroquois (haudenosaunee), et de fait, normalisait les relations commerciales, l’exploration et la colonisation.

Entre 1696 et 1700, la France et ses Premières Nations alliées avaient mené plusieurs expéditions militaires dévastatrices contre les Iroquois, détruisant villages et vivres. Les Iroquois, confrontés à une diminution de leur puissance militaire et de leur force démographique, se trouvant sans appui des colonies américaines, acceptèrent de négocier un traité de paix.

Un accord de paix préliminaire fut signé à Montréal à l’été 1700 entre les Français, certains de leurs alliés, et les Iroquois. Les parties acceptaient toutes d’assister à un grand rassemblement l’été suivant, à Montréal aussi, pour le ratifier. 

Hector-Louis de Callière, gouverneur de la Nouvelle-France.
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L’organisation excessivement complexe du regroupement des ambassadeurs de tant de nations et de cultures impliqua une planification minutieuse et de très nombreux déplacements difficiles de diplomates français et de représentants du clergé et de l’armée.

À la fin du mois de juillet 1701, plus de 1 300 délégués des Premières Nations d’une région qui s’étendait des Maritimes aux Grands Lacs affluèrent à Montréal, arrivant par canot après un long et difficile voyage, et doublant ainsi la population de la ville. Les délégués établirent un grand campement centré sur Pointe-à-Callière, hors de l’enceinte citadine. 

Chacune des Premières Nations utilisa un pictogramme d’animal ou d’objet représentant
son peuple.

Beaucoup de ces nations étaient rivales et se méfiaient les unes des autres. Il fallut donc user de diplomatie pour parvenir à un terrain d’entente. Kondiaronk, chef de la nation Pétun et grand chef de la Nation Huronne-Wendat, eut un rôle déterminant parmi les nations, contribuant grandement au succès de la conférence de paix grâce à ses propos convaincants.

Les nations s’entendirent pour renoncer à la guerre et permettre au gouverneur de la Nouvelle-France de résoudre leurs éventuelles disputes. En outre, elles s’accordèrent pour partager les droits de chasse et s’engagèrent à respecter les terres traditionnelles de chacune. Les Iroquois, qui négociaient en position de faiblesse, acceptèrent de demeurer neutres en cas de guerre entre l’Angleterre et la France, concession majeure en faveur de cette dernière. En contrepartie, les Iroquois obtiendraient des biens des Français en bénéficiant d’un rabais.

Le 4 aout, le gouverneur de Callière signa le document de paix officiel, suivi par un représentant de chacune des Premières Nations utilisant un pictogramme d’animal ou d’objet représentant son peuple. La Grande Paix de Montréal avait été ratifiée, réalisation remarquable qui était inimaginable à peine quelques années auparavant. 

Il s’ensuivit un immense banquet et une cérémonie du calumet de la paix. 

« Vous avez rassemblé ici […] toutes les nations pour faire un tas de haches et pour les enterrer avec les vôtres », déclara l’ambassadeur du peuple des Collines à de Callière. 

L’harmonie établie à Montréal dura jusqu’à la disparition de la Nouvelle-France, lors de sa capture par les Britanniques, en 1760. 

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