Danger : Engin non explosé

La bombe trouvée par les ouvriers du bâtiment date de 1759, quand les Britanniques assiégèrent la principale ville de la Nouvelle-France.
Lafontaine Inc

Le chantier où les ouvriers en bâtiment ont déterré cet artéfact au mois de juillet est situé au centre de la ville historique. Ils croyaient qu’il s’agissait d’un boulet de canon; en fait, c’est une bombe de 90 kilogrammes d’il y a 258 ans. Et elle contient encore de la poudre.

C’est probablement un vestige de la guerre de Sept Ans, une des presque 10 000 bombes incendiaires et 40 000 boulets de canon qui ont détruit la ville durant le siège de deux mois à l’été 1759. La bombe n’a pas explosé lorsqu’elle l’aurait dû, et l’humidité et le temps ont fortement réduit le risque d’explosion; mais elle pourrait encore être dangereuse, nous a dit une technicienne spécialiste des munitions de la BFC Valcartier chargée d’enquêter.

« Nous devons certifier que l’article est “libre d’explosifs”, a déclaré la lieutenante (Marine) Éliane Trahan, officière des affaires publiques des Forces armées canadiennes. L’objet sera ensuite retourné à la Ville où il sera préservé. »

Les Britanniques maintenaient le siège dans le but de prendre la forteresse située en haut des falaises bordant le fleuve Saint-Laurent, et où logeaient plusieurs milliers de soldats. Les Britanniques incendièrent les récoltes et détruisirent les fermes tout en assiégeant la ville pour chasser les forces françaises.

Les mortiers jetaient des bombes incendiaires par-dessus les remparts de la ville et en haut des collines qui bordent le fleuve.
BAC/e000943111

Au début du siège, la flotte britannique de 49 navires comprenait trois navires bombardiers conçus spécialement pour canonner des cibles sur la terre ferme. Les mortiers montés près de la proue lançaient des bombes de 100 kilogrammes ou plus jusqu’à deux kilomètres, au-dessus des murs ou sur les hauteurs. Les Britanniques installèrent aussi des batte-ries de l’autre côté du fleuve, à Pointe-Lévy, directement en face de la ville, malgré le bombardement prove-nant de la garnison et des canonnières des Français durant la construction.

« En tout, 535 maisons ont été incendiées durant le siège, dont toutes celles de l’est de la basse ville […]. Nous avons aussi détruit au moins quatorze-cents maisons de ferme dans la campagne. »

— Un sergent-major du 40th Regiment’s Grenadiers dans A Journal of the Expedition up the River St. Lawrence.

Les bombes étaient en fonte, comme les boulets de canon, mais elles étaient creuses pour pouvoir être remplies de poudre explosive et dotées d’une amorce. On y mettait certains produits chimiques pour en faire des bombes incendiaires.

Lafontaine Inc

Le siège commença le 12 juillet et dura tout l’été, les canons et les mortiers ciblant non pas les batteries françaises, mais la ville. La sœur Marie de la Visitation rapporta que plus de 50 maisons de la basse ville furent détruites et, ce qui était pire, des magasins de nourriture. La famine sévit bientôt à Québec.

Le bombardement s’intensifia. La basse ville perdit 167 maisons le 9 aout. À la fin du mois, 29 pièces d’artillerie faisaient pleuvoir plus de 100 bombes et 800 boulets de canon par jour. Le siège sapa progressivement le moral des forces françaises et des résidants de la ville, mais c’est un évènement imprévu qui scella l’issue de la bataille.

La bataille représentée par une vue panoramique.
wikimedia

La nuit du 12 septembre, un groupe de soldats britanniques grimpa le long d’une falaise de 53 mètres jusqu’à une position mal défendue dont elle soumit les gardes, ce qui permit à 4 500 soldats britanniques commandés par le major-général James Wolfe de prendre position sur le plateau avoisinant la ville. Le marquis de Montcalm mena ses 4 500 hommes, comprenant des guerriers autochtones et des miliciens peu disciplinés, à la bataille des plaines d’Abraham qu’il perdit le 13 septembre 1759. Cette bataille fut un tournant de la guerre entre la France et la Grande-Bretagne, à la fin de laquelle la France céda ses colonies d’Amérique du Nord.


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