Le Forum sur l’itinérance chez les vétérans adopte une approche nationale

Les premières mesures servant à élaborer une approche nationale ont été prises lors du Forum sur l’itinérance chez les vétérans, qui s’est tenu les 15 et 16 avril à la Maison de la Légion, à Ottawa. Les participants ont convenu de former un groupe chargé d’élaborer une feuille de route pour le travail à venir.

« Il est clair que nous devons faire face à la situation des anciens combattants sans abri au moyen d’une politique nationale », a déclaré le président de la Légion royale canadienne, Gordon Moore. Le grand président Larry Murray a facilité le forum auquel assistaient des chercheurs universitaires, des organismes gouvernementaux de services aux anciens combattants, des représen-tants de centres d’hébergement pour les sans-abris, et des organisations et défenseurs d’anciens combattants.

Des lacunes ont été identifiées au Forum « en ce qui concerne le besoin », a déclaré Moore.

Personne ne sait vraiment combien il y a d’anciens combattants sans abri au Canada, mais on est enclins à croire qu’ils sont surreprésentés dans la population des sans-abris. Sept pour cent des répondants à un sondage sur les sans-abris mené à Toronto en 2013 se sont dits anciens combattants, à l’instar des 4,3 p. 100 des 2 148 participants du projet At Home/Chez soi de la Commission de la santé mentale du Canada. Pourtant, les anciens combattants ne forment que 2 p. 100 de la population canadienne, a déclaré Aklilu Wendaferew des Good Shepherd Ministries.

Un profil a commencé à se dégager lors de la première étude canadienne sur les anciens combattants sans abri (« Vanishing Veterans », novembre/décembre 2010 [en anglais seulement]) effectuée par les chercheuses Susan Ray, professeure agrégée à l’Université Western et Cheryl Forchuk du Lawson Health Research Institute. Elles avaient interrogé 54 anciens combattants sans abri dans cinq villes et trouvé qu’en moyenne ils avaient été libérés 27 ans auparavant et avaient été sans abri pendant huit ans.

Les anciens combattants autochtones sans abri avaient fait partie des 20 000 enfants enlevés à leur famille dans les années 1960 à 1980 et placés dans une famille de classe moyenne non autochtone. Ces anciens combattants avaient perdu leur identité et leur appartenance à la culture de leur naissance, à leur famille adoptive et à l’armée.

L’itinérance est une déchéance lente pour les anciens combattants; elle commence par une mauvaise transition vers la vie civile à laquelle on répond par la consommation d’alcool ou de médicaments, et se poursuit par la rupture des relations, l’inaptitude à l’emploi et, finalement, « par le fait de devenir sans-abri des années après avoir été libéré de l’armée », dit Ray. Et bien que le Service de préparation à une seconde carrière des Forces armées canadiennes ait été mis en œuvre dans les années 1980, aucun des anciens combattants interrogés ne l’a mentionné.

« Généralement, le respect de soi est ce qui disparait en premier », a déclaré Forchuk, qui a présenté les résultats du projet de modèle canadien de logement et de soutien pour les anciens combattants sans abri, lequel est financé par le fédéral dans le cadre de la Stratégie de partenariats contre l’itinérance. Ce projet pilote de deux ans a servi à fournir aux anciens combattants des logements transi-toires dans quatre villes au Canada, avec des programmes qui offraient un appui à structure militaire et le soutien par les pairs. Une principale conclusion en a été que l’accès à un logement sûr et fiable loin des refu-ges et de la rue est un premier pas dans la lutte contre les autres problèmes qui aggravent l’itinérance.

Le succès de la stratégie du logement avant tout a été repris par de nombreux orateurs. Une fois dans un logement sûr et fiable, les anciens combattants peuvent s’attaquer aux problèmes de toxicomanie, obtenir des traitements pour leurs problèmes de santé mentale, ou passer par la réinsertion professionnelle et trouver un emploi stable.

Généralement, les orateurs ont observé que les anciens combattants préfèrent se séparer de la population générale des refuges, qu’ils ont besoin de structure et qu’ils veulent des programmes conçus pour les anciens combattants, dirigés par des personnes qui comprennent la culture militaire et qui offrent de préférence le soutien d’autres anciens combattants.

Quand le bureau de l’ombudsman des anciens combattants a lancé la campagne Leave No One Behind (ne laisser personne à l’écart, NDT) en 2009, « on nous a dit […] que ce n’était pas un problème. Je suis sidéré par ce qui a été fait depuis ce jour-là », a déclaré l’ombudsman des vétérans, Guy Parent. Les anciens combattants sans abri sont maintenant dans le champ de vision d’ACC, et les organisations d’anciens combattants leur trouvent de l’aide. Maintenant, les refuges identifient les anciens combattants et les dirigent vers ACC. Le programme Leave the streets behind (laisser la rue derrière soi, NDT) de la Division de l’Ontario est devenu un programme national de la Légion; des logements de transition sont disponibles dans la Cockrell House de la Division de la C.-B.–Yn à Victoria et à Madison Place, à Calgary, cette dernière étant prise en charge par la Division de l’Alberta–Territoires du Nord-Ouest.

« Nous essayons de faire de notre mieux, » dit le ministre des Anciens Combattants, Julian Fantino. Il a applaudi « le gros du travail » des refuges et des organisations d’anciens combattants, mais il a ajouté qu’il n’y pas d’organisme, de groupe ni de gouvernement qui puisse résoudre le problème tout seul. Et, dit-il, le travail est loin d’être terminé.

Les participants au Forum ont souligné l’importance de la recherche. Il y a encore beaucoup à apprendre sur la prévention de l’itinérance chez les anciens combattants, sur les façons de les identifier et de les connecter aux services de leur communauté, ainsi que sur les meilleurs moyens de satisfaire à leurs besoins de logement, de soutien, de traitement et d’emploi.

Les obstacles à la prévention de l’itinérance commencent avant que les anciens combattants quittent l’armée, a déclaré le lieutenant-colonel à la retraite Chris Linford, ambassadeur national de Wounded Warriors of Canada. La culture militaire insiste sur l’autonomie, alors beaucoup d’anciens combattants sont peu enclins à demander de l’aide. En outre, il y a des anciens militaires qui ne se considèrent pas comme étant anciens combattants, il y en a aussi qui ne sont pas au courant des services qui leur sont offerts par l’intermédiaire d’Anciens Combattants Canada, et d’autres encore qui se méfient de l’ordre établi concernant les militaires et les anciens combattants.

ACC a identifié 386 anciens combattants sans abri qui reçoivent des prestations d’ACC et des services communautaires, a déclaré Janice Burke, directrice principale, Intégration des politiques stratégiques. Les anciens combattants sans abri peuvent tous obtenir de l’aide d’Anciens Combattants Canada, dit-elle. Ceux qui n’ont pas d’affection liée au service ont toujours accès à la gestion des dossiers d’ACC, à l’orientation professionnelle, à la formation liée à la recherche d’emploi et au soutien par les pairs. Ceux qui ont une affection liée au service ont accès à une gamme de services et de prestations : soutien financier, rééducation physique, réadaptation professionnelle, services de santé mentale, soins de santé.

En réponse à cette demande, la Légion a annoncé un partenariat avec Veterans Emergency Transition Services (VETS) Canada, dont les bénévoles identifient les anciens combattants sans abri partout au pays, qu’ils vivent dans les rues, dans la brousse ou sous les ponts, et les mettent en contact avec les services.

« S’attaquer aux problèmes des anciens combattants sans abri exige un effort concerté et coordonné », dit Barry Yhard, directeur général de VETS Canada. « Ce partenariat est un pas dans cette direction. »

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