Les jeunes athlètes ramassent le gant

Les Championnats d’athlétisme de la jeunesse canadienne de la Légion en 2012

En un matin frisquet, les ados regorgeant de santé, de résolution et, pour l’occasion, de nervosité, forment un tableau merveilleux en s’entrainant en vue des compétitions au Canada Games Stadium de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, à Charlottetown, lieu des Championnats d’athlétisme de la Légion pour la jeunesse canadienne. On dirait qu’ils se réchauffent sur le velours.

Plus tard pendant la journée, sous un soleil de plomb, la dure réalité qu’est la compétition devient évidente. Les coureurs franchissent la ligne d’arrivée éreintés, à bout de souffle, en sueur. Il y en a qui s’effondrent et à qui l’on donne un coup de main jusqu’au bord pour laisser la voie libre à ceux qui suivent; d’autres qui franchissent la ligne en sanglotant tellement l’effort fourni est terrible. C’est loin d’être une sinécure sur le terrain aussi : à mesure que dure la rencontre, on en voit qui arborent des bandages, et d’autres qui se promènent avec un sac de glace attaché à une articulation. Le troisième jour de compétitions, il n’est pas rare d’en voir un qui boite ou qui se fasse épauler jusqu’à l’infirmerie.

Les 820 athlètes de tous les coins du pays venus concourir entre le 16 et le 20 aout ne se faisaient pas d’illusion sur l’ampleur de la tâche; c’est un prix que tout champion accepte de payer. C’est ainsi que deux records de la jeunesse canadienne et 21 de la Légion sont battus, 15 individuels et six chez les équipes.

« Je m’entraine d’arrache-pied », dit la médaillée Miriam Abdul-Rashid, qui a remporté le prix Leroy Washburn pour la meilleure athlète féminine de la Légion. Cette prodige de 14 ans d’Oshawa, en Ontario, a obtenu la médaille d’or aux six épreuves où elle s’était inscrite : les sprints de 100, de 200 et de 300 mètres chez les moins de 16 ans et, en équipe, le relais 4×100 mètres, le relais combiné et le 4×400 mètres chez les moins de 18 ans. Elle dit, après sa victoire aux 300 mètres, que sa stratégie était de « partir à fond et terminer à fond. »

Davis Edward de London, en Ontario, âgé de 15 ans, dit que s’il a battu un record de la Légion, c’est grâce au « travail achar-né et à un coaching incroyable ». Le vent lui a volé un record de la Légion, le vendredi, aux 100 mètres haies, chez les garçons de moins de 16 ans. Toutefois, le samedi, il a enlevé presque une seconde au record de la Légion de 2008 aux 200 mètres haies, lequel était de 25,11 secondes, finissant à 24,27 s, devant Jake Hanna, âgé de 15 ans, de South Surrey, en Colombie-Britannique, qui a brisé le record aussi en 24,40 s. Edward, ga-gnant du prix Jack Stenhouse pour le meilleur athlète masculin de la Légion, avait l’avenir en tête en s’en allant: « Mon but, c’est d’avoir un record national. »

Le président de la Légion royale canadienne, Gordon Moore, a dit aux athlètes lors des cérémonies d’inauguration, le vendredi : « Que vous soyez en quête d’une médaille, d’un championnat national ou d’un meilleur score personnel, je vous souhaite d’y parvenir. Les anciens combattants désirent que vous excelliez parce qu’ils croient que le corps doit être en forme pour que l’esprit soit sain. » C’est pour cela que la Légion parrainait les ateliers pour jeunes et pour entraineurs dans les années 1950, dit-il, qu’elle finance les championnats depuis 1977, et qu’elle est fière que, grâce à la sanction d’Athlétisme Canada, les nationaux de la Légion soient devenus, en 2008, les championnats canadiens officiels pour les jeunes gens entre 12 et 17 ans.

Les championnats de 2012, pendant lesquels a eu lieu le 70e anniversaire du raid de Dieppe, ont offert plusieurs occasions aux athlètes, aux parents, aux chaperons et aux officiels de commémorer les gens qui ont donné leur vie pour le Canada. Le raid a été signalé aux cérémonies d’ouverture et de clôture. Les activités au stade ont été interrompues pendant que les athlètes, les parents, les chaperons et les officiels se faisaient silencieux durant deux minutes, lors de l’anniversaire du raid du 19 aout 1942 où plus de 5 000 hommes, appartenant surtout à la 2e Division d’infanterie canadienne, se lancèrent à l’assaut, à Dieppe. Il y eut plus de 3 350 victimes, dont 913 qui rendirent le dernier soupir sur les plages et environ 1950 qui furent faits prisonniers. Les leçons apprises grâce à ce désastre ont servi à préparer la voie pour l’invasion réussie moins de deux ans plus tard, laquelle était le coup d’envoi de la libération de l’Europe. Les athlètes de la Légion ont assisté, le 20 aout, à une commémoration organisée à une plage située près de Cavendish.

Le lieutenant-gouverneur de l’Î.-P.-É., H. Frank Lewis, a inauguré officiellement l’évènement après le premier jour de compétitions, le vendredi, et promis de « garder [son] programme [pour] y chercher [leurs] noms parmi les athlètes à Rio de Janeiro », aux Jeux olympiques de 2016.

Les Olympiques sont décidément dans la mire de la triple championne Chanell Botsis, âgée de 14 ans, de Coquitlam, en Colombie-Britannique, en commençant par les Jeux olympiques de la jeunesse de 2014, en Chine. Elle a remporté la médaille de bronze chez les filles de moins de 16 ans au disque d’un kilogramme, une d’argent au javelot de 500 g et une d’or grâce à un lancer du marteau de 50,70 m, dépassant de presque cinq mètres le record de la Légion fixé en 2011.

Les autres records de la Légion battus l’ont été par Alexzandra Smith-Vandyke chez les filles de moins de 16 ans au saut à la perche, Victoria Smith chez les filles de moins de 18 ans au javelot, Joseph Maxwell chez les garçons de moins de 16 ans au lancer du poids de 4 kg et Drew Erskine chez les garçons de moins de 16 ans au lancer du marteau de 4 kg. « Quand mon entraineur m’a dit “Ça y est, Vic”, j’ai su que ça serait un record », dit Victoria Smith, âgée de 17 ans, de Windsor, en Ontario, qui a effectué un lancer de 49,77 m chez les filles de moins de 18 ans au javelot de 500 g, battant ainsi le record de la Légion qui avait été fixé à 45,89 m en 2005. Son frère Fletcher aussi est monté sur le podium afin de se voir remettre la médaille de bronze pour son lancer du javelot de 600 g chez les garçons de moins de 16 ans. C’était la première fois qu’il participait aux nationaux de la Légion. « J’étais content de me trouver dans les 10 meilleurs, mais le bronze… c’est vraiment super. »

Les trois médaillées au lancer du poids de 3 kg chez les filles de moins de 18 ans ont battu le record de la jeunesse canadienne de 14,75 m.  La médaillée d’or Agnes Esser de Cowichan Valley, sur l’île de Vancouver, a fait un lancer de 15,09 m; la médaillée d’argent, Obeng Marfo d’Etobicoke, en Ontario, en a fait un de 14,78; et la médaillée de bronze, Taylor Stutley de Lower Sackville, en Nouvelle-Écosse, de 14,77.

L’Ontarienne Nicole Setterington de London a fixé un record de la jeunesse canadienne en courant les 100 m haies, chez les filles de moins de 18 ans, en 13,38 s.

Les trois médaillées chez les filles de moins de 16 ans aux 200 m haies ont aussi battu le record de la Légion fixé à 27,88 s en 2010. Nicole Skimming de Bolton, en Ontario, les a courus en 27,83 s, Stephanie Cho de Vancouver, en 27,51, et Lexi Aitken de Clinton, en Ontario, a remporté l’or en 27,30.

Parmi les athlètes sur piste qui ont battu un record de la Légion se trouvaient Kailee Sawyer, chez les filles de moins de 16 ans, aux 1 200 m; Davis Edward, chez les garçons de moins de 16 ans, aux 200 m haies; Jake Hanna, chez les garçons de moins de 16 ans, aux 300 m; Kieran Johnston, chez les garçons de moins de 18 ans, aux 300 m haies; Tobias Wolter, chez les garçons de moins de 16 ans, au steeple-chase de 1 500 m; Sophie Pauls, chez les filles de moins de 16 ans, au pentathlon; et Zack Lakeit, chez les garçons de moins de 16 ans, au pentathlon.

Mais les athlètes ne sont pas obligés de battre des records, ni même d’arriver en première place, pour avoir un sentiment de réussite en partant. « Il n’y a pas d’échec; il n’y a que l’apprentissage », dit la majore retraitée Dee Brasseur, une des premières pilotes de chasseur à réaction du Canada, lors du banquet de clôture. « Si vos efforts vous apprennent quelque chose même sans que vous n’arriviez au but, vous êtes gagnant en réalité. Vous n’êtes vraiment perdant que si vous n’en tirez pas de leçon. »

Quelques-uns des compétiteurs avaient déjà appris cette leçon-là. Mikella Lefebvre-Oatis de Montréal, qui avait obtenu 1,73 m au saut en hauteur quelques semaines auparavant, s’était promis ceci : « Aux jeux de la Légion, je vais faire 1,75 m. » Elle l’a fait, et obtenu l’or; mais un record, en dépassant 1,77 m, n’était pas à sa portée.

Eli Pawliw, premier chez les garçons de moins de 18 ans au lancer du poids de 5 kg grâce à un lancer de 16,99 m, n’avait pas été sélectionné pour l’équipe ontarienne l’an dernier. La saison suivante, il a « beaucoup travaillé et heureusement, ça a été payant pour [lui]. [Il s’est] bien senti durant toute la compétition. [Il a] pu y aller faire six de [ses] meilleurs lancers. »

Quant aux centaines de jeunes athlètes qui n’ont pas réussi à monter sur le podium, Brasseur avait des encou-ragements à leur adresser. « On ne passe pas directement de débutant à la médaille d’or. Il faut passer par toutes les étapes en chemin, tous les jours, jusqu’à cet objectif ultime. »

Mike Tate de Heatherton, en Nouvelle-Écosse, nous explique ce que ses échecs lui ont appris. « Même si vous avez eu une mauvaise saison, faites encore plus d’efforts pour que la saison suivante soit meilleure. » Étant arrivé 11e et 12e en 2011, « [il a] travaillé dur tout l’hiver et ça a été payant ici. » Il a obtenu l’or chez les moins de 18 ans aux 1 500 m et aux 3 000 m dans sa quatrième et dernière année aux nationaux de la Légion. Son objectif ultérieur était de se faire sélectionner pour l’équipe néo-écossaise aux Jeux du Canada.

Jamie Phelan du Laurel Creek Track Club de Kitchener, en Ontario, a enregistré un record de la Légion chez les filles de moins de 16 ans, aux 2 000 m, en 2010, et remporté le bronze aux 3 000 m en 2011. Sa stratégie concernant la course de 3 000 m chez les filles de moins de 18 ans l’a payée en or cette année.

Jared Connaughton, olympien de l’Î.-P.-É. et finissant du programme des nationaux de la Légion, a été disponible plusieurs fois pendant la fin de semaine. Revenu depuis peu des Jeux olympiques d’été à Londres, où il avait foulé une ligne du pied (ce qui a disqualifié l’équipe de relais canadienne qui était arrivée troisième), il a dit aux athlètes qu’ils peuvent « faire deux choses : s’enfuir, ou assumer et se dire “c’est comme ça que ça se passe des fois dans le monde du sport.” Vous pouvez en avoir honte ou vous pouvez être fier d’avoir donné le maximum.  En fin de compte, je n’ai pas de médaille de bronze… mais j’ai ma fierté ».

Nombre d’orateurs ont remarqué que les grands évènements comme celui-là n’ont pas lieu sans les efforts de centaines de personnes en arrière-scène : les bénévoles, les chaperons, et des dizaines d’officiels et d’organisateurs, représentés aux cérémonies d’ouverture par Rob Guy, directeur général d’Athlétisme Canada.

Les nationaux de la Légion, en 2013, auront lieu à Langley, en Colombie-Britannique.

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