Les jeunes se branchent sur le souvenir

Ce concours annuel de la Légion, qui existe depuis plus de 50 ans, attire à peu près 100 000 poèmes, affiches et compositions de jeunes de tous les coins du Canada. Les inscriptions sont jugées aux niveaux local, régional, divisionnaire et, finalement, national.

Un bon nombre de celles qui ont gagné cette année évoquaient le thème de l’effort incessant déployé par les jeunes Canadiens pour relier l’expérience de la vie d’aujourd’hui à celle de la vie du temps de la guerre. Il s’agit d’un effort d’empathie, les artistes essayant de se mettre à la place de ceux qui se battent.

« Imaginez-vous comment ce serait de quitter sa famille, ses amis et sa communauté, en sachant qu’on ne reviendra peut-être jamais chez soi », écrivait Haines de Peel (N.-B.), dans la composition de première place présentée par la
filiale Hartland. « Je suis certaine que beaucoup de braves soldats ont pensé à ça quand ils embrassaient leur famille avant de s’en aller. »

Cet effort pour relier les jeunes d’aujourd’hui à la réalité d’hier a aussi été retrouvé dans les affiches. Owen Brown de Guelph (Ont.), dont l’affiche a été inscrite à la filiale Waterloo, a créé une affiche en noir et blanc où un vétéran de la Seconde Guerre mondiale se souvient de la guerre, et il y est dit : « Real People. (De vraies personnes). Remember (Se souviennent). »

« Pour moi, dit Brown, le plus difficile a été de décider du message que je voulais essayer de transmettre. Je pensais au fait qu’il y a tant de gens de ma génération qui vivent au jour le jour sans même penser aux gens qui se sont sacrifiés. Pour eux, c’est vraiment réel. L’important pour ma génération, c’est de se souvenir que c’était vraiment réel. Ce sont de vraies personnes. L’homme est une de ces vraies personnes. Il se souvient de toutes sortes d’affaires chaque fois qu’il voit un monument. »

Brown, dont le frère, Jonathan Brown, a remporté un prix national dans la même catégorie en 2010, croit qu’il est indispensable que les jeunes ne se détachent pas de l’histoire et du souvenir. « Ma génération devrait se souvenir de ces vraies personnes, dit-il. Je trouve qu’il est vraiment important de réfléchir au passé afin de ne pas commettre les erreurs qui ont été faites autrefois. »

Back And Forth (d’avant en arrière, NDT), le poème de la deuxième place composé par Skylar Flynn de Beechy (Sask.), reprend le thème, et il pourrait fort bien servir d’inscription à l’affiche de Brown.

D’avant en arrière
D’avant en arrière
La chaise berçante
Se balance alors que l’ancien combattant
Blessé essaie de vivre au
Présent et d’oublier le passé.

Mara Cox de Kimberley (C.-B.) a obtenu la première place dans la division intermédiaire grâce à son poème The Veteran. Elle essaie aussi d’aider le lecteur à établir un rapport avec les anciens combattants.

Les amis brisés, qui n’ouvriront plus les yeux
De nombreuses tentatives malheureuses de raviver les disparus
Je ne peux que m’imaginer la douleur
Heureux de pouvoir rentrer chez lui, mais plus le même
D’horribles souvenirs à l’esprit
Je ne peux que m’imaginer l’agonie
En me levant après la cérémonie
Prête à rentrer chez moi, passer un moment avec les amis
Ne pensant plus à la guerre
Je m’aperçois que c’est quelque chose
Qu’il ne peut que s’imaginer.

Pour Allison Somers de Carbonear (T.-N.), le poème qui lui a mérité la première place était une occasion de donner au lecteur des détails sur sa manière de se souvenir. « Quand j’étais en train de l’écrire, je pensais à tout ce que je pense au moment où je me souviens », dit-elle.

Somers, âgée de 15 ans, aimerait être enseignante plus tard, alors expliquer en détail le qui, le quoi, le où et le pourquoi du souvenir était pour elle une manière intéressante d’aborder la question. « Mon cousin a servi en Afghanistan, alors il m’arrive souvent de penser à lui, dit-elle. « Sans les anciens combattants, le monde ne serait pas tel qu’il est; c’est grâce à eux que notre vie est telle qu’elle est aujourd’hui. »

Les soldats nous ont donné la liberté,
Ils ont donné leur vie pour nous,
Pour prévaloir librement chaque jour.
C’est pour cela que je me souviens.

« Je pense qu’il est important qu’on se souvienne, nous, les jeunes, parce que si on ne se souvient pas, les générations qui viendront après la nôtre ne se souviendront pas non plus, a-t-elle ajouté. Il faut qu’on sauvegarde la tradition. »

Cependant, les inscriptions ne concernaient pas toutes la séparation entre les jeunes d’aujourd’hui et leur histoire. Par exemple, il y a Remembrance (souvenir, NDT), la composition à laquelle la deuxième place intermédiaire a été décernée, inscrite à la filiale Donnybrook de Dorcherster par Christina Mary Hertner de Nilestown (Ont.). Il s’agit d’un compte rendu émouvant de la signification du souvenir lui-même.

« Le souvenir est rouge; rouge est la liberté qui se trouve dans le drapeau du Canada. Rouges sont la commémoration, les ensanglantés et les endeuillés. Rouges sont la colère et la frustration. Rouges sont les blessés, les offensés et les perdus. Ils sont rouges comme les champs de coquelicots qui poussent librement, comme notre pays. »

« Le souvenir est noir et bleu. Il est déchiré et taché. Il a été meurtri et criblé de balles, et il a été brisé et réparé. Le souvenir a été divisé, partagé, et négocié. Le souvenir est toujours en train de se soigner, et c’est l’aube d’un jour nouveau. C’est notre espoir et notre force. »

Le but des gagnants de toutes les catégories est de faire des efforts afin de perpétuer le souvenir, mais les quatre gagnants séniors, eux, ont aussi un autre but, avec plus d’éclat : se rendre à Ottawa déposer une couronne de la part de tous les jeunes Canadiens.

Pour Brown, âgé de 16 ans, le point culminant de la compétition nationale est indubitablement le voyage à Ottawa sur les traces de son frère. « J’y ai accompagné mon frère quand il a gagné, pour l’observer. Et c’était génial. Je pensais : “Je vais faire ça un jour, représen-ter les jeunes du Canada.” J’ai hâte; ça va être génial d’être à la même place que mon frère. »

Résultats nationaux de 2012

SÉNIORS

AFFICHES EN COULEURS — première : Sienna (Jeong Eun) Cho de Surrey (C.-B.); deuxième : Matthew Walton de Pasadena (T.-N.); mention honorable : Colette Danielle Bachand de Cardiff (Alb.).
AFFICHES EN NOIR ET BLANC
— premier : Owen Brown de Guelph (Ont.); deuxième : Katarina Wawrykow de Nanoose Bay (C.-B.); mention honorable : Amy Mugford de Stephenville (T.-N.).
COMPOSITION
— première : Amelia Haines de Peel (N.-B.); deuxième : Kimberley Anne Farion de Vegreville (Alb.); mention honorable : Samantha Hoefsloot d’Armstrong (C.-B.).
POÉSIE — première : Allison Somers de Carbonear (T.-N.); deuxième : Skylar Flynn de Beechy (Sask.); mention honorable : Christopher Melchin d’Antigonish (N.-É.).

INTERMÉDIAIRES

AFFICHES EN COULEURS — première : Kelaiah Quinn Guiel de Bailieboro (Ont.); deuxième : Jason (Renjie) Hong de Vancouver; mention honorable : Rodnie Valerio de Calgary.
AFFICHES EN NOIR ET BLANC
— premier : Joseph McIntyre de Hawkestone (Ont.); deuxième : Shivani Patel de Unity (Sask.); mention honorable : Carolina House de Victoria.
COMPOSITION
— premier : Robert Josiah Deacon de Victoria; deuxième : Christina Mary Hertner de Nilestown (Ont.); mention honorable : Rielle Gagnon de Lloydminster (Alb.).
POÉSIE — première : Mara Cox de Kimberley (C.-B.); deuxième : Aveline J. Vandermeulen de Lorette (Man.); mention honorable : Olivia Malone de Little Shemogue (N.-B.).

JUNIORS

AFFICHES EN COULEURS — première : Alyssa Zucchi de Montréal; deuxième : Sanha (Ann) Kim de Richmond Hill (Ont.); mention honorable : Jeongmin Kang d’Enfield (N.-É.).
AFFICHES EN NOIR ET BLANC
— premier : Brady Donald Tiessen d’Abbotsford (C.-B.); deuxième : Holly Denise Gillingham de Western Bay (T.-N.); mention honorable : Keegan Carr de Perth (Ont.).
COMPOSITION
— premier : Frank Wang de Surrey (C.-B.); deuxième : Patrick Shaw, de Abbey (Sask.); mention honorable : Daniel Corbo d’Etobicoke (Ont.).
POÉSIE — première : Kianah R. Howk de Cochrane (Alb.); deuxième : Naomi Ruth Pratt d’Elmvale (Ont.); mention honorable : Sophie Marie DeRosa de Trail (C.-B.).

AFFICHES PRIMAIRES

AFFICHES EN COULEURS — première : Autumn Dowhaluk de Atmore (Alb.); deuxième : Grace Clayton de Shanty Bay (Ont.); mention honorable : Tyler Benjamin Reid de Hampton (N.-B.).
AFFICHES EN NOIR ET BLANC
— premier : Jordan Bartlett de Tavistock (Ont.); deuxième : Josey Hrappstead de Swan River (Man.); mention honorable : Jedrek Slingerland de Coaldale (Alb.).

COMPOSITIONS SÉNIORES – 1re place

Une fière Canadienne se souvient

Amelia Haines

Sophie tient doucement dans ses mains un drapeau rouge et blanc miniature et l’ajoute à sa collection, laquelle longe maintenant son allée des deux côtés. En enfonçant le drapeau canadien dans le sol meuble, elle se souvient avec tristesse du fils de 18 ans de son voisin qui est mort au combat il y a trois jours à peine. Chaque fois qu’un homme ou un garçon qu’elle connait meurt, Sophie ajoute un drapeau en souvenir du disparu. Cette cérémonie-ci est difficile parce que Sophie aimait bien le petit garçon d’à côté. Le soldat mort est encore un garçon pour elle parce que ce n’est que l’an dernier qu’il a appris à conduire. Les yeux pleins de larmes, elle se demande combien de temps encore le monde souffrira jusqu’à ce que la paix triomphe et que la longue guerre en Europe se termine.

Comme Sophie, des milliers de personnes partout au Canada ont été affectées par la guerre. Ceux qui ont perdu leur père, leur frère, leur fils, leur cousin, leur ami ou leur voisin comprennent la douleur de la perte causée par la guerre. Il est important, le jour du Souvenir, et même tous les autres jours, de reconnaitre et apprécier la douleur de ces êtres chers et le sacrifice de ces soldats tombés au champ d’honneur.

Des milliers de jeunes hommes et garçons ont péri à la guerre, chacun d’eux espérant que la paix serait rétablie. Cela me fait de la peine quand je pense à tous les jeunes soldats, certains d’entre eux encore plus jeunes que moi, qui ont quitté cette terre et leurs familles. Se souvenir de leur sacrifice un instant me semble être le moins qu’on puisse faire pour eux. S’ils n’avaient pas tout donné, nous ne pourrions peut-être pas profiter du genre de vie que nous, Canadiens, sommes chanceux d’avoir.

Imaginez-vous comment ce serait de quitter sa famille, ses amis et sa communauté, en sachant qu’on ne reviendra peut-être jamais chez soi. Je suis certaine que beaucoup de braves soldats ont pensé à ça quand ils embrassaient leur famille avant de s’en aller. Pour certains, l’abandon de la seule vie qu’ils connaissaient ne fut pas à jamais, mais pour d’autres, c’était la dernière fois qu’ils voyaient leur famille. Même ceux qui ont eu la chance de retourner chez eux ont gardé les traces de la guerre pour l’éternité.

Beaucoup de soldats ont éprouvé la douleur d’avoir perdu des amis qui se battaient à leurs côtés. C’est pour cela que nous prenons le temps de nous souvenir, non seulement des morts, mais de ceux qui ont aussi servi bravement notre pays.

Lire les lettres que les soldats en service ont envoyées chez eux et se renseigner sur les guerres passées sont des moyens de se souvenir. Les lettres étaient très importantes durant les guerres passées. Avant l’avènement des courriels et de Facebook, une simple lettre écrite à la main était chère aux soldats. La plupart attendaient avec impatience des nouvelles du Canada, car c’était une occasion d’oublier un moment les horreurs de la vie de tous les jours. Les lettres écrites en réponse nous donnent une petite idée de la vie des soldats : les batailles, les endroits où ils étaient en poste, les amis qu’ils s’étaient faits, ce qu’ils pensaient et comment ils se sentaient. Il faut préserver les lettres de la guerre pour les générations à venir, car elles font partie de notre patrimoine et elles peuvent aider les générations de jeunes Canadiens à comprendre pourquoi il est si important de se souvenir.

Visiter les monuments de guerre par ses propres moyens est aussi une manière de se souvenir de ceux qui sont morts au combat. La Tombe du Soldat inconnu au Monument commémoratif de guerre du Canada est un de ces mémoriaux où l’on peut rendre hommage aux disparus. Il s’agit d’un monument dédié à tous les soldats qui ont donné leur vie pour notre pays de par le passé et à tous ceux qui le feront à l’avenir. Il y a beaucoup d’autres monuments commémoratifs au Canada, en Europe ou ailleurs dans le monde. Pourquoi ne pas faire des recherches sur ces endroits et aller les voir si l’occasion se présente?

La prochaine fois que vous entendrez l’hymne national du Canada, levez-vous et tenez-vous fièrement bien droit. Prenez un moment pour vous souvenir des milliers de vies données pour que vous puissiez avoir un pays libre. Sans ces braves soldats, nous n’aurions pas l’occasion de profiter de la vie et des nombreux privilèges rattachés à la liberté. Rendez hommage aux intrépides Canadiens qui ont servi, allez voir un mémorial, lisez une lettre, mais surtout, souvenez-vous. Je m’appelle Amelia Haines et je suis fière d’être Canadienne.

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