Une grande partie des poèmes les plus connus parmi ceux dont les thèmes portent sur la guerre et sur le souvenir ont été écrits par des hommes ou des femmes qui ont été aux champs de bataille ou qui ont aidé les blessés, les mourants, dans les hôpitaux militaires de fortune. Ce qui est remarquable, c’est que les générations de jeunes canadiens qui n’ont jamais combattu ont cherché, en grandissant, des moyens d’exprimer leurs réflexions et leurs sentiments sur ces mêmes thèmes. Ils ont fait cela à la maison et à l’école.
Chaque année, la Légion royale canadienne invite les écoliers à mettre leurs aptitudes littéraires ou en art visuel à l’épreuve, en participant aux concours nationaux qui, ces dernières années, attirent plus de 100 000 élèves. Les compétitions en sont de composition, de poésie et d’affiches en couleurs ou en noir et blanc, qui illustrent au mieux ce qu’est le jour du Souvenir à leurs yeux.
Les concours ont commencé pendant les années 1950, quand la Légion était en plein milieu d’un examen de conscience sérieux. En ce temps-là, la Légion était bien établie en tant qu’organisme d’anciens combattants unis soucieux principalement d’améliorer les avantages aux anciens combattants et de s’assurer que le service et les sacrifices à la guerre ne soient pas oubliés.
En 1955, le président national d’alors, John Anderson, d’Ottawa, dit aux légionnaires : « aujourd’hui, la Légion canadien-ne est confrontée à un choix. Elle peut rester une force vitale pour le Canada à venir ou elle peut se laisser choir dans un déclin progressif. Nos antécédents sont reluisants, mais quel chemin allons-nous prendre maintenant? »
Anderson insista que les lois qui touchent les anciens combattants et le travail du bureau des services de la Légion devaient demeurer les principales préoccupations de l’organisation. Cependant, il insistait aussi que la Légion était « assez grande pour assumer d’autres responsabilités […] des responsabilités dans le domaine du service à la collectivité. »
« Le défi fut relevé, et même plus », écrivait, en 1960, Clifford H. Bowering dans son livre Service: The Story of the Canadian Legion. « En acceptant cela, les membres de la Légion ont pratiquement dit que le service à la collectivité représenterait un monument vivant à la mémoire de leurs camarades tombés au champ d’honneur […].
« Tout le monde profite des activités actuelles de la Légion, qu’on soit ancien combattant ou non, qu’on soit jeune ou vieux. »
Quant à la jeunesse, le projet le plus ambitieux était l’établissement d’un programme d’athlétisme, l’histoire d’un succès national qui n’a jamais cessé. La Légion désirait aussi beaucoup encou-rager les jeunes intellectuellement.
Dans son rapport au Congrès national de 1958, le Comité national consultatif du coquelicot déclarait que « le CNCC a écouté avec un vif intérêt le rapport des activités menées par divers comités divisionnaires dans leurs directions respectives. Parmi les plus intéressantes, il y a le concours de composition mené dans les écoles du Nouveau-Brunswick. Il […] en a résulté 8 000 compositions, dont 1 000 ont été remises à la Direction divisionnaire.
« Les écrits, sur le sujet général qu’est la signification du jour du Souvenir, se sont avérés d’une qualité surprenante. »
Au Congrès national de 1960, le président du Comité national du coquelicot rapportait que « plusieurs directions portent leur regard vers un avenir lointain relativement au concours de composition dans les écoles, sur le sujet du souvenir et du coquelicot, encourageant ainsi les citoyens canadiens à examiner plus profondément que d’habitude la raison d’être du jour du Souvenir ».
Il fut décidé que la Direction nationale remettrait deux prix, de 50 $ chacun, pour les meilleures compositions sur le souvenir. Le premier prix serait décerné à un élève d’école secondaire (de la 9e à la 12e année) et le deuxième le serait à un élève d’école primaire (jusqu’à la 8e année).
Au Congrès national de 1962, le président national du coquelicot Ron MacBeath rapportait que le premier prix dans la catégorie des écoles secondaires avait été décerné à Mae Dunham de Filmore (Sask.). La deuxième place avait été remportée par Dennis Kendel de Langenburg (Sask.). Dans la catégorie des écoles primaires, la gagnante était Renée Neveu de Campbellton (N.-B.) et la deuxième était Pamela Kern de Beaconsfield (N.-B.).
Deux années plus tard, le président national du coquelicot A.H. Adams annonçait que le programme recevait plus de 15 000 inscriptions, lesquelles provenaient de neuf provinces. « Je suis sûr qu’aucun article dans les journaux, aucune histoire à la radio ou à la télévision, aucune affiche, pamphlet ou plaquette ne pourrait valoir autant », dit-il aux délégués.
En 1966, les gagnants des concours étaient invités à Ottawa pour participer au service du jour du Souvenir, au Monument commémoratif de guerre du Canada.
À l’occasion d’une réunion, l’année suivante, des membres du CNCC se di-saient inquiets de la réduction marquée de la qualité des compositions qui avaient été présentées, ainsi que de leur nombre. Un comité ad hoc fut donc établi, qui consulta les membres de la collectivité des enseignants. On recommanda que les élèves aient le choix de faire une composition ou un poème. Le comité remarquait par la suite que la qualité et le nombre des inscriptions s’étaient améliorés.
Le concours d’affiches fut ajouté en 1983 et, au Congrès national de l’année suivante, les délégués acceptaient d’inviter le gagnant senior de la catégorie des affiches à Ottawa, à la cérémonie nationale du jour du Souvenir.
Au début, les affiches pouvaient être en couleurs ou en noir et blanc, mais, étant donné que les concours croissaient, il fut décidé de créer deux catégories, celle des noir et blanc étant ajoutée en 1991. Comme le remarquait notre rédacteur attitré Bill Fairbairn dans son article sur les concours de cette année-là, « l’introduction d’une catégorie d’affiches en noir et blanc a eu lieu de manière opportune pour Duncan MacDonald de Hartland (N.-B.). Il est daltonien. » MacDonald était le ga-gnant sénior du concours, cette année-là.
Bien que l’agencement a été fixé depuis, le niveau de participation aux concours, lui, n’a cessé de croitre, le nombre d’œuvres dépassant maintenant les 100 000 par année.
Les concours commencent chaque année en septembre, quand un pamphlet est expédié aux écoles du pays, dans un envoi d’Anciens combattants Canada. « On le dit alors aux filiales et elles cherchent des occasions d’envoyer des membres dans les écoles pour parler du programme », nous explique Steven Clark, le secrétaire du Comité national du coquelicot et du souvenir. « Beaucoup d’enseignants incorporent le programme dans leur programme éducatif. »
Les concours commencent à la filiale, chacune d’elles décidant de la date jusqu’à laquelle les œuvres seront acceptées; toutefois, cette date est habituellement arrêtée pendant la période précédant le jour du Souvenir. Les représentants de la filiale envoient les premières places à la zone, et puis au district et enfin au niveau divisionnaire.
Les directions divisionnaires doivent faire parvenir leurs œuvres à la Direction nationale avant une certaine date. « Le verdict est habituellement rendu à la troisième semaine de mars et puis on fixe notre propre date limite, le 31 mars, pour renseigner les directions sur les résultats », dit Clark.
Ensuite, le président national écrit à chaque personne qui a obtenu une première ou une deuxième place, ou une mention honorable. Les gagnants des premières places reçoivent une plaque en reconnaissance de leur réalisation et l’école en reçoit une aussi, en l’honneur de la réalisation de l’élève.
Quant aux concours d’affiches, celles qui ont mérité une première place sont exposées aux édifices du Parlement, depuis le mois de juin jusqu’au mois de mai suivant. Les compositions et les poèmes ayant obtenu une première place sont aussi exposés, dans un grand format. Ceux des deuxièmes places sont exposés partout aux édifices du gouvernement pendant la période du jour du Souvenir.
Les jeunes gens qui participent aux concours habitent loin des champs de bataille boueux et ensanglantés, mais ils démontrent quand même qu’ils peuvent ajouter leur voix fraiche au message du souvenir.