Visite aux anciens combattants

Visite aux anciens combattants. [ILLUSTRATION : STEPHEN SNIDER]

Visite aux anciens combattants.
ILLUSTRATION : STEPHEN SNIDER

Francis Christian, membre dévoué de la filiale Vimy d’Halifax (N.-É.), s’est rendu à l’Édifice commémoratif des anciens combattants Camp Hill, tous les jours, pendant deux ans, visiter un des résidants. Il y allait pour s’assurer qu’un de ses anciens collègues de la GRC, qui ne pouvait plus se nourrir tout seul, ait au moins un bon repas par jour.

« Je le connaissais depuis 50 ans », dit Christian, qui a maintenant 85 ans et leur relation s’est épanouie durant les derniers jours de son ami. Il y a deux ans, on l’a appelé pour une veillée de famille le soir du décès de son ami. « Ça a été dur de lui dire adieu; comme si nous étions de la même famille. »

Mais un cœur meurtri n’a pas empêché Christian de poursuivre le travail qu’il aime : il fait encore partie des meubles à Camp Hill; il y va trois ou quatre fois par semaine. « Il est si convivial », dit Mary Glanville, une ancienne infirmière de l’armée qui va avoir 88 ans en avril. Elle est toujours heureuse de la visite de Christian et des autres légionnaires, à l’édifice où elle réside depuis sept ans et des bavardages sur les sports et sur les nouvelles du jour.

« C’est très important pour les gens qui ne peuvent pas sortir », déclare-t-elle. Les visiteurs de la Légion sont « toujours pleins d’entrain et prévenants ». Les résidants apprécient leur soutien et leur aide quand, à l’occasion, il leur faut aller faire des courses, ou se faire accompagner lors d’une sortie.  « Il y a vraiment beaucoup de gens, ici, qui n’ont pas de famille aux alentours », dit-elle. Sans les visiteurs de la Légion, « beaucoup seraient coincés ici ».

Des milliers de bénévoles de la Légion royale canadienne prennent le temps de visiter, honorer et réconforter les anciens combattants dans les centaines de petits et grands hôpitaux et institutions de soins de santé du pays. Les services qu’ils rendent sont très en demande car il y a 3 300 anciens combattants dans les 171 institutions où Anciens combattants Canada réserve des places. Le ministère assiste aussi 7 300 autres anciens combattants dans les institutions de soins de longue durée communautaires.

La compagnie n’est pas le seul service que les hommes et les femmes leur rendent : il en découle une vie en meilleure santé et plus longue, pour les anciens combattants et pour eux-mêmes.

Mary Glanville et Francis Christian profitent au maximum d'une visite à l'édifice commémoratif des anciens combattants Camp Hill, à Halifax. [PHOTO : TOM WATERS]

Mary Glanville et Francis Christian profitent au maximum d
PHOTO : TOM WATERS

Les gens âgés qui se sentent en communauté ont une tension moins élevée et une meilleure réponse immunitaire que les autres et ils peuvent mieux faire face à l’inconstance de la vie que ceux qui se sentent isolés ou seuls, dit la docteure Louise Hawkley, neuroscientifique sociale de l’Université de Chicago et chercheuse en santé des solitaires.

Le stress a beaucoup de répercussions sur la santé, qui empire à cause de la solitude et de l’isolement. L’hormone de stress cortisol, causée par le stress, sert à provoquer la réaction d’évasion ou de lutte pour éviter le danger. Cependant, sous un stress chronique, comme celui de quelqu’un qui souffre, qui a peur ou qui s’ennuie, l’hormone cause des ravages pour ce qui est de la réponse immunitaire et de la tension artérielle. « Les relations sérieuses permet­tent de mieux tolérer tout ce que la vie vous réserve », dit Hawkley.

« On sait très bien que les gens ont besoin de contacts sociaux » pour être en santé, ajoute Elsie Rolls, directrice des services aux anciens combattants à Camp Hill. « Sans ce genre de choses, les résidants s’ennuient et puis ils tombent malades. »

Il y a des résidants, dit-elle, qui ne voudraient même pas descendre du lit. Ils se demanderaient « à quoi ça sert? De toute façon, personne ne va me voir. » Mais la possibilité que quelqu’un pourrait passer les voir est une raison de se lever, de se faire les cheveux ou de se raser. »

Les programmes de visite de la Légion importent beaucoup aux anciens combattants, dit Norah Keating, membre du Conseil consultatif de géronto­logie d’Anciens combattants Canada et chercheuse en vieillissement de l’Université de l’Alberta. « La relation la plus importante des personnes âgées, c’est celle qu’ils ont avec des gens de leur âge, de la même histoire, ou d’expérien­ces semblables. » Bien que les relations familiales soient aussi extrêmement importantes, dit Keating, les visites concernent surtout la qualité des soins plutôt que le plaisir. Les ainés, dans les institutions, ne savent pas si leur famille vient les voir par plaisir ou par devoir. Dans les relations volontaires, le doute n’existe pas. « L’avantage des programmes de bénévoles de la Légion pour les anciens combattants, c’est qu’ils ont vraiment une histoire comparable. »

« C’est évident d’où viennent les visiteurs de la Légion et ces gens s’en rendent bien compte, même ceux qui souffrent de démence avancée », dit Kelly Sprackett, coordonnatrice des services bénévoles de la Broadmead Care Society à Victoria. Cette société administre la Lodge, à Broadmead, où à peu près 60 p. cent des 225 résidants sont des anciens combattants, ainsi qu’un programme de soins de jour. « Ils l’apprécient vraiment parce que ça ravive leurs souvenirs et leur sentiment d’allégeance. »

« Dans une institution de soins de santé, il y a peu de gens qui savent que ce ne sont pas seulement des vieilles personnes frêles avec de graves problèmes de santé et de cognition », dit Keating. « Ce qu’il y a de bien quand vous avez une connexion avec quelqu’un, comme un visiteur de la Légion, c’est que ça aide votre propre identité à refaire surface. On pense “voici quelqu’un qui sait qui je suis, où je suis allé”. Ils ne se connaissent peut-être pas personnellement, mais ils savent que, grâce à cette expérience partagée, il va y avoir une connexion. »

C’est un sentiment que reconnaissent beaucoup de visiteurs. « Un sentiment de camaraderie a été créé durant la guerre », dit Barbara Bolli, coordonnatrice du programme de visites aux malades de Broadmead de la Légion et membre de la filiale Victoria Ex-Servicewomen’s. « Il fait écho chez les anciens combattants. »

Jo-Ann et Bob MacEachern visitent des anciens combattants de la part de la filiale Grand Bend (Ont.). [PHOTO : SHARON ADAMS]

Jo-Ann et Bob MacEachern visitent des anciens combattants de la part de la filiale Grand Bend (Ont.).
PHOTO : SHARON ADAMS

Grâce à cette connexion et à l’affiliation, les visites de la Légion ont un effet cumulatif, même si elles n’ont pas lieu tous les jours. Hawkley le compare au réconfort d’un bon mariage où l’un des conjoints voyage souvent. Même quand un des époux est en voyage, « le sentiment de sécurité dans le mariage n’est pas bouleversé ». Voir les uniformes de la Légion, savoir qu’un légionnaire est toujours disponible durant les soirées de bingo, ou pour bavarder un jeudi soir, procure un sentiment du même genre aux anciens combattants. C’est important que les filiales petites ou éloignées le sachent; quelques visites régulières durant l’année, même si elles sont peu nombreuses, ne sont pas insignifiantes.

Bob et Jo-Ann MacEachern fréquentent les anciens combattants aux institutions de soins de longue durée, de la part de la filiale Grand Bend (Ont.), depuis à peu près 15 ans. « Quand on a commencé, il y avait 17 anciens combattants » à l’Hôpital Parkwood de London et aux maisons de repos plus petites dans les petites villes près de Grand Bend. Beaucoup d’entre eux étaient de nos amis, des anciens camarades de la fi­liale. « Vu que nous venons d’une petite ville, c’était plus social », dit Jo-Ann. Mais cela voulait aussi dire que ces services pouvaient être attristants, quand les amis et les voisins étaient soudainement sur le déclin.

Aujourd’hui, il y en a moins à aller voir. « Ils sont tous décédés sauf deux, » dit Bob. Même s’ils ont déménagé de Grand Bend à London (Ont.), ils conti­nuent leurs visites, dans le cadre du programme de soins aux anciens combattants de Parkwood, à un ancien combattant qui a été « adopté » par leur filiale et à un ancien membre de Grand Bend résidant dans une petite institution de soins de longue durée d’Exeter. « On leur apporte un petit cadeau (des cartes d’appel interurbain, des fleurs, des cartes de souhaits) et on leur demande s’ils ont besoin de quoi que ce soit. » Par exemple, il y en a un qui a demandé des pantalons de survêtement, plus faciles à enfiler le matin quand on ne peut plus se déplacer qu’en fauteuil roulant. Ils vont voir cet ancien combattant, à une petite institution de soins de longue durée, à peu près quatre fois par année.

Dans les couloirs de Camp Hill, toutefois, il semble y avoir toujours un légionnaire.  « Nous avons un programme immense », nous explique Tom Waters, qui y est le représentant de Camp Hill de la Direction de Nouvelle-Écosse/ Nunavut depuis environ 14 ans. « Il s’a-git probablement de 500 à 600 personnes durant une année. »

Les légionnaires visitent les anciens combattants individuellement. Il y en a plusieurs qui participent aux programmes récréatifs comme les bingos et les excursions touristiques. Des fois, les visiteurs se joignent à un groupe au salon. Ils siègent aux réunions du conseil des anciens combattants. Les filiales des alentours offrent des divertissements et organisent des manifestations pour les anciens combattants et leur famille dans leurs locaux, le transport se faisant dans des autobus pour fauteuils roulants Callow. Certaines filiales « adoptent » des anciens combattants qui n’ont pas de visiteurs familiaux ou d’affiliation à la Légion; et les visiteurs emmènent ces anciens combattants faire des emplettes nécessaires qu’ils ne peuvent pas obtenir à Camp Hill : vêtements, articles de toilette, lait en boite. Il y en a qui font des courses pour un ancien combattant, quand il faut faire réparer une montre ou des souliers. Il peut aussi s’agir de quelque chose de plus sérieux, comme quand un ancien combattant demande l’aide de la Légion pour s’occuper de questions juridiques ou régler des problèmes concernant la famille ou le personnel.

Les visiteurs de la Légion « sont précieux », dit Rolls. « Ils font tellement pour les anciens combattants; c’est formidable. Il existe aussi un soutien pour le personnel et les membres de la famille. Nous leur sommes vraiment reconnaissants de toute leur aide. Nous serions dans l’embarras sans eux. »

Il y a assez de visiteurs de la Légion à l’institution, où résident 175 anciens combattants entre 70 ans et 100 ans, pour que « chaque ancien combattant soit visité », dit Waters. Normalement, les visiteurs vont voir des réguliers, mais « s’ils entrent dans une pièce où un ancien combattant est là qui ne fait rien, qui regarde les mouches voler, ils se présentent et se mettent à bavarder. »

Les visiteurs de la Légion occupent souvent le salon, dit Glanville. Cela fait sortir les anciens combattants de leur chambre et interagir avec les autres résidants et avec les visiteurs.

À Broadmead, on évalue le nombre d’heures que les 200 visiteurs, légionnaires compris, passent à la Lodge à environ 1 000 par mois. Sept filiales régionales de la Légion font les visites mensuelles à tour de rôle, dit Bolli. Le jour des visites de la Légion, le jeudi, les légionnaires en uniforme vont voir les résidants et leur distribuent des brosses à dents ou des mouchoirs comme cadeaux. « Chaque filiale a un jour pour y aller », dit Bolli. En outre, les visiteurs de la Légion se portent volontaires pour plusieurs activités. « C’est très important pour nous. Même si la filiale se dissout, on va continuer », déclare-t-elle. La fi-liale est en train de faire le nécessaire pour que le cout des petits cadeaux, environ 140 $ par mois, soit couvert pendant plusieurs années.

Les visites font autant de bien aux visiteurs qu’aux résidants.

« Le dernier vétéran de la guerre de Corée a quitté notre programme de bénévoles (excepté ceux qui sont dans les groupes de bénévoles de la Légion) », dit Sprackett. « Cela les a beaucoup chagrinés d’abandonner, car ils savaient que ça leur faisait du bien de venir; ils se sont forcés aussi longtemps qu’ils ont pu et il nous a fallu adapter le programme de bénévoles aux gens dont la santé n’est plus aussi prévisible qu’avant. »

« Durant nos recherches, nous avons découvert que les ainés obtiennent de grands avantages en contribuant à leur collectivité », dit Keating, une contribution qui n’est que bien rarement reconnue au Canada. « Je suis ravie que vous écriviez cet article. C’est bien que les membres de la Légion sachent à quel point on les apprécie. On entend tellement souvent que les ainés sont un fardeau et improductifs, qu’ils ne contribuent pas vraiment. » Le bénévolat réfute cela et sert à perpétuer, à restaurer le sentiment d’utilité du bénévole.

« Ça fait plaisir, dit Bolli. C’est agréable. » Elle fait partie d’une génération de femmes qui préfèrent s’éreinter plutôt que mourir d’ennui. « J’ai quelque chose à faire durant la journée, » dit-elle.

« C’est le plaisir qu’on ressent à voir leur visage s’épanouir, surtout quand on porte l’uniforme », dit Eileen Margaret Smith, une femme de 87 ans de la filiale Victoria Ex-Servicewomen’s qui fait des visites à Broadmead depuis neuf ans. « On a hâte d’y aller. Je ne voudrais pas manquer d’y aller. Je vais continuer tant que je pourrai. Je me sens toujours chanceuse; que c’est grâce à Dieu que je ne fais pas partie des visités. Je suis chanceuse d’être en bonne santé et de pouvoir les aider. »

« J’en retire autant qu’eux, dit Christian. Il y a beaucoup de gens de mon âge qui ne quittent pas leur lit; ça m’occupe. » Et il ajoute qu’il accompagne un autobus Callow pour une soirée à la Légion au moins une fois par mois. « Où est-ce que quelqu’un de mon âge pourrait aller danser? » demande-t-il.

En dernière analyse, ce genre de bénévolat est peut-être agréable, mais les légionnaires peuvent aussi être fiers des résultats sérieux de leurs visites, dit Keating. « Ce que la Légion fait est important. » Les résidants et leur famille sont rassurés du fait que la Légion se concentre sur le bien-être des anciens combattants; ils savent que les légionnaires remarquent les défectuosités quand il y en a. Et, vu qu’ils sont épaulés par une organisation nationale, on peut être sûr qu’il y aurait des suites aux cas particuliers et même, à l’échelon national, à la politique.

« Durant toutes ces années, dit MacEachern, je n’ai jamais vu quoi que ce soit de mal et aucun ancien combattant ne s’est plaint », sauf un, à propos du service de la nourriture. Si tout va bien lors des visites surprises, dit-il, cela tranquillise les visiteurs et les familles, par rapport à la manière dont les anciens combattants sont traités au jour le jour.

Aussi, quand la Légion s’assure que les soins aux anciens combattants sont bons, elle rajuste le tir en ce qui concerne ceux des autres ainés, dit Keating.


Une paire d’yeux supplémentaires

Brenda Montgomery, de la filiale Centennial de Dartmouth (N.-É.), est une ancienne infirmière terre à terre, épouse d’un ancien combattant, qui sait à quel point son bénévolat est important dans le programme de sondage des soins de longue durée.

« Je reste à l’affut, dit-elle. J’ai des ressources immédiates au cas où je tombe sur quelque chose de particu­lièrement alarmant. » Si le problème ne peut pas être réglé par la famille du résidant ou par le directeur des soins de l’institution, elle appelle quelqu’un à Anciens combattants Canada.

Le programme de contrôle des soins de longue durée est un partenariat entre Anciens combattants Canada (ACC), qui paie la facture (129 000 $ en 2007) et la Légion royale canadienne, qui adminis-tre le programme et produit la main-d’œuvre bénévole. On en retire des avantages à tous points de vue : on subvient aux besoins méconnus de tel ou tel ancien combattant, on renseigne les gens sur les nouvelles ordonnances d’ACC ou sur les résolutions prises au congrès de la Légion et on revalorise les normes de soins pour les gens, autres que les anciens combattants, qui sont aux établissements de longue durée.

Étant donné ses engagements, ACC faisait des sondages sur la satisfaction des résidants aux plus grands établissements à places prioritaires. Cependant, vu les quelque 7 300 autres anciens combattants logés dans plus de 1 900 institutions disséminées partout au pays, les visites d’ACC étaient restreintes par le manque de main-d’œuvre et les distances. « Avant que la Légion mette la main à la pâte, c’est le personnel d’ACC qui sondait les résidants, mais vu le grand nombre de clients », les visites étaient rares et inégales aux institutions du pays les plus petites, dit Carlos Lourenso, directeur des services de soins en résidence ou en établissement d’ACC. « Le partenariat avec la Légion nous permet d’aller à plus d’endroits et de voir plus d’anciens combattants. »

Quand les bénévoles de la Légion se sont mis au travail, il y a cinq ans, ils ont surveillé à peu près 2 000 résidants; en 2007, ils ont mené quelque 3 000 sondages et ils sont en voie d’en faire 4 000 en 2008, dit-il.

Pierre Allard, directeur du Bureau des services de la Direction nationale de la Légion, qui recrute et forme les béné­voles et qui administre le programme pour ACC, en est très heureux. « Nous avons composé le programme conjointement avec ACC, nous explique-t-il. Nous n’étions pas très contents de la qualité des soins et nous disions qu’elle n’était pas pareille dans tous les éta-blissements pour anciens combattants. » Le Comité consultatif de gérontologie d’ACC, la Légion et d’autres organisations d’anciens combattants recommandaient des visites régulières pour sonder les résidants des institutions communautaires. Il y a quelques années, la Légion et ACC ont commencé à élaborer un programme.

« C’est un partenariat naturel et cons­tructif, dit Lourenso. La Légion est une organisation nationale merveilleuse, qui a des filiales et des bénévoles dans tous les coins du pays, et qui a un intérêt particulier par rapport à la santé des anciens combattants. ACC a promis de faire le nécessaire pour la qualité des soins aux anciens combattants dans le besoin et « la Légion est un partenaire qui l’aide à tenir cette promesse ».

« Nous avons travaillé de concert avec ACC » au développement du programme, dit Allard. En 2003, la Légion s’est mise à annoncer qu’il lui fallait des bénévoles et puis elle a mené six séries de formation de plus d’un mois et demi « pour qu’il y ait assez de sondeurs au début ». Le recrutement et la formation se poursui­vent. Quelque 150 sondeurs bénévoles ont déjà été formés à la largeur du pays, à qui ACC a donné pour mission de sonder les anciens combattants logés dans des établissements de soins de longue durée dans le but de savoir s’ils sont sa­tisfaits des services touchant 10 aspects de soins, dont la sécurité, la sureté, l’hygiène, la qualité de la nourriture, l’accès aux services médicaux, les occasions sociales et récréatives, et le soutien spirituel et pastoral.

La Légion et ACC étudient des parties différentes de l’information et s’en servent pour diverses raisons.

Les questionnaires sur la satisfaction des clients, confidentiels, sont remis directement à ACC. « C’est anonyme et impersonnel », dit Lourenso; et « ce n’est pas pour nos yeux », dit Allard.

Les résumés des rapports, cependant, « passent d’abord par la Direction nationale où ils sont examinés pour voir s’il y a des problèmes, dit Lourenso. Cela peut servir à expédier les problèmes ou les besoins dont il faut s’occuper. »

« Tout va bien à peu près de 90 à 95 p. 100 des fois, dit Allard, mais de temps à autre on découvre un problème. » Les problèmes qui affectent un particulier ou un établissement sont rapportés à ACC. « Nous faisons le nécessaire pour le régler, de concert avec l’établissement », dit Lourenso. En été, la Légion a attiré l’attention d’ACC sur des pro­blèmes signalés dans des rapports sur la sécurité, des odeurs tenaces et des biens disparus à un établissement ontarien. Un infirmier de bureau de district d’ACC a mené une enquête et des résidants mécontents ont été transportés à d’autres établissements.

La Légion et ACC étudient le résumé des rapports pour repérer des pro­blèmes plus systémiques aussi. Ces derniers donnent souvent lieu à des plaidoyers de la part de la Légion, ou à des résolutions au congrès. ACC se sert « des nombreux renseignements » de ces rapports et questionnaires et des résultats de leurs propres sondeurs professionnels qui s’occupent des établissements les plus grands, dit Lourenso. Cela « devient la pierre angulaire de notre assurance de qualité pour les soins de longue durée ».

Un de ces problèmes systémiques concernait la nourri­ture, quelque chose de très important dans un cadre de soins en résidence. « La nourriture est un indicateur de satisfaction fluctuant et instable », dit Lourenso. Et de fait, les rapports et les questionnaires ayant révélé un mécontentement généralisé par rapport à la nourriture, on a établi des normes uniformes pour la préparation et la livraison. Résultat : « en quatre ou cinq ans, la satisfaction s’est beaucoup améliorée ».

Montgomery est contente de cette information aussi. Vu que la nourriture est une question des plus importantes, elle planifie ses visites vers l’heure des repas. « Je peux recueillir beaucoup de renseignements à ces moments-là, » en posant des questions à propos du gout, de ce qui se passe si le résidant n’aime pas ce qu’on lui sert. Elle remarque aussi les usages aux repas, si les résidants sont rassemblés peu avant le service, ou s’ils sont attroupés à la salle à manger longtemps en avance.

Elle se sert de tous ses sens quand elle est dans un établissement; elle remarque la propreté, l’ordre, les odeurs, les bruits.

« Il se pourrait que quelqu’un refuse de parler par crainte d’empirer la qualité des soins, dit-elle. Je […} bavarde avec cinq personnes, alors on ne saura jamais qui a parlé. » À vrai dire, les questionnaires remis à ACC sont dépersonnalisés et anonymes, alors les résidants n’ont pas à s’inquiéter de leurs réponses.

Elle écoute attentivement. Quand un résidant lui a dit qu’il ne lisait plus les journaux, ses questions discrètes ont indiqué qu’il lui fallait des lunettes. Elle a remédié à la situation en passant un coup de fil à ACC.

Ce genre d’interaction personnelle est importante, dit Lourenso. C’est la différence entre une visite amicale et une réunion d’affaires. « La visite ne sert pas seulement à recueillir des renseignements », remarque-t-il. « Il s’agit d’un contact social. Il s’agit d’écouter les gens. »

Les anciens combattants ont tendance à attendre longtemps avant de demander des soins, quand ils sont en moins bonne santé et moins capables de s’occuper de leurs propres affaires. Le programme n’en est que plus crucial. « Il y a deux choses importantes (au programme), ajoute Montgomery. D’abord, d’un point de vue systémique, Anciens combattants Canada et la Légion sont tenus au courant de ce qui se passe. Ensuite, à l’établissement, on sait que quelqu’un se soucie d’eux. »

Elle a remarqué une amélioration lente depuis les cinq ans qu’elle fait des sondages. « En général, les établissements sont très bons. Ils sont meilleurs qu’il y a ne serait-ce que 15 ans passé ».

Elle est satisfaite, quand elle retourne à une institution, de voir qu’un problème a été réglé. « D’un point de vue personnel, c’est très satisfaisant. […]

« J’ai l’intention de continuer tant que je pourrai.”

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