CORÉE : Tension et souvenir

Les représentants des anciens combattants aborigènes et métis s’assemblent à une cérémonie du lever du soleil au cimetière commémoratif des Nations Unies. [PHOTO : TOM MACGREGOR]

Les représentants des anciens combattants aborigènes et métis s’assemblent à une cérémonie du lever du soleil au cimetière commémoratif des Nations Unies.
PHOTO : TOM MACGREGOR

Le meurtre, cet été, d’une touriste sud-coréenne a jeté un froid sur la délégation d’Anciens combattants Canada en visite à Séoul en l’honneur du 55e anniversaire de l’armistice en Corée, qui a été signé le 27 juillet 1953.

Park Wang Ja, ménagère séoulienne de 53 ans, se promenait sur la plage d’une zone touristique de la Corée du Nord quand, du dire des autorités nord-coréennes, elle s’est égarée dans un secteur militaire et a été touchée par deux balles. Elle avait omis de répondre à des cris et à un coup de semonce.

La mort, en plus du fait que la Corée du Nord a refusé que les autorités sud-coréennes examinent la scène, a suscité un revers en ce qui concerne l’espoir de renouveler les discussions entre les deux Corée. L’ouverture de la région touristique avait été considérée comme un signe que le nord désirait s’ouvrir. La région touristique était une bénédiction pour le pays communiste qui, en mal de fonds, espérait obtenir un peu de la prospérité évidente en Corée du Sud.

La tension était évidente également à l’extérieur de l’hôtel Plaza de Séoul, où habitait la délégation. Le Plaza, devant la mairie, avait récemment été le lieu de manifestations quand le gouvernement sud-coréen avait décidé de recommencer à importer du bœuf des États-Unis après l’embargo de cinq ans causé par la mala­die de la vache folle.

Les manifestations paisibles étaient un risque suffisant pour que, chaque soir, la pelouse du Plaza soit entièrement entourée d’autobus pleins de policiers antiémeute en uniforme noir. Leurs matraques et leurs boucliers se trouvaient dans les autobus, au cas où ils en aient eu besoin.

Le Monument dédié aux Canadiens tombés au champ d’honneur en Corée au cimetière commémoratif des Nations Unies à Busan. [PHOTO : TOM MACGREGOR]

Le Monument dédié aux Canadiens tombés au champ d’honneur en Corée au cimetière commémoratif des Nations Unies à Busan.
PHOTO : TOM MACGREGOR

Les manifestations avaient commencé à cause du bœuf mais, d’après la plupart des commentateurs, elles avaient conti­nué en réaction à la froideur du gouvernement conservateur de Lee Myung-bak envers les Nord-Coréens, laquelle avait dissipé la détente Nord-Sud créée par ses prédécesseurs.

Telles étaient les nouvelles quand le ministre d’Anciens combattants Canada, Greg Thompson, arrivait à la tête d’une délégation de 110 personnes pour célé­brer l’armistice de la guerre de 1950-1953 où le Canada avait perdu 516 âmes. Bien que la Corée du Sud soit aujourd’hui un pays prospère, dont l’économie est la quatrième en importance en Asie, les souvenirs de la guerre, qui n’a jamais fini officiellement, allaient être évidents durant le voyage, lequel allait durer du 7 au 16 juillet.

Thompson était accompagné par 36 anciens combattants, leurs soignants, des parlementaires, des délégués de la jeunesse et des représentants de plusieurs organisations d’anciens combattants, dont la Légion royale canadienne. L’Association canadienne des vétérans de la Corée était représentée par son président Terry Wickens, d’Elliot Lake (Ont.). Le trésorier national Michael Cook, membre de la filiale Cloverdale de Surrey (C.-B.), représentait la Légion et Buster Brown d’Halifax, membre du Comité national de la défense de la Légion, avait été nommé par la Légion pour représenter les membres des Forces canadiennes à la retraite.

Il y avait aussi 12 représentants d’organisations autochtones et métisses qui allaient participer à une cérémonie spéciale, au point du jour, au cimetière commémoratif des Nations Unies de Busan, que les Canadiens appelaient Pusan durant la guerre.

Le ministre des Anciens combattants Greg Thompson plein une pincée d’encens au Cimetière national de la République de Corée à Séoul. [PHOTO : TOM MACGREGOR]

Le ministre des Anciens combattants Greg Thompson plein une pincée d’encens au Cimetière national de la République de Corée à Séoul.
PHOTO : TOM MACGREGOR

Les délégués s’étaient rencontrés pour la première fois à Vancouver, à l’occasion d’un souper durant lequel les officiels d’ACC avaient fait un exposé.  Le lendemain matin, ils avaient pris un avion Airbus des Forces canadiennes, qui avait fait escale à Anchorage en Alaska avant de partir pour l’Asie.

Bob Rose de Belleville (Ont.), qui a servi dans le 426e Escadron (de Thunderbirds), connaissait bien ce trajet. « J’ai fait 16 traversées — huit allers-retours », dit-il. « On était basés à la McChord Air Force Base, à Washington. On allait de là-bas à Anchorage et puis ensuite à Tokyo, chercher les ravitaillements pour les troupes coréennes. »

En arrivant au nouvel aéroport international d’Incheon, les délégués ont vu des indications de prospérité, d’une économie qui croît plus vite que son infrastructure. Il y avait des embouteillages sur une grande partie des 26 ponts menant à Séoul.

Une visite au cimetière national de la République de Corée, à Séoul, a amorcé les événements officiels du pèlerinage. Des gardes de l’armée, de la marine et de l’aviation étaient en rang pour recevoir les anciens combattants à la cérémonie protocolaire. Thompson fut accueilli par Ki-Yoon Kwak, directeur du cimetière, au son d’une musique militaire et on lui offrit des gants blancs de cérémonie. Après les hymnes nationaux, Thompson, qui avait déposé une couronne, a été invité à mettre une pincée d’encens dans un vase de cérémonie.

L’entrée du cimetière est bordée par des statues géantes qui représentent le passé du pays. Elle donne sur une pièce pleine de fleurs. Les délégués, ressortant de la chapelle du souvenir, font face au grand cimetière qui couvre plusieurs collines surplombant le fleuve Han. Le cimetière contient 165 000 tombes de soldats, de policiers et de réservistes morts au service de leur pays.

Après avoir regardé les tombes, les délégués ont visité les monument et musée commémoratifs nationaux de guerre coréens. Le musée retrace plusieurs siècles du passé de la Corée. Il s’agit d’un pays qui a fait l’objet de conquêtes, à plusieurs reprises, par les forces impérialistes chinoises et japonaises. Le musée ne sert pas seulement à raconter l’histoire du conflit de 1950-1953.

Les vétérans du Royal Canadian Regiment Jim Gunn (à g.) et Russ Cormier évoquent leurs souvenirs. [PHOTO : TOM MACGREGOR]

Les vétérans du Royal Canadian Regiment Jim Gunn (à g.) et Russ Cormier évoquent leurs souvenirs.
PHOTO : TOM MACGREGOR

L’ambassadeur du Canada en Corée, M. Ted Lipman, s’est joint à la délégation lors d’un diner offert par Kim Yang, ministre des affaires des patriotes et des anciens combattants. « En Corée, il y a un dicton qui dit qu’un arbre avec des racines profondes peut plier sous le vent », dit Kim en recevant la délégation. « Nous pensons que l’amitié entre la Corée et le Canada aussi a des racines très profondes. »

Et Thompson répondit : « en prenant place autour de la table pour partager notre repas, on s’aperçoit que, bien que nos deux pays soient très éloignés sur les mappemondes, nous sommes tout proches de bien d’autres façons. Nous avons une histoire commune et un engagement inaltérable envers les idéaux que sont la paix et la liberté. Et nous croyons fièrement que notre histoire mérite qu’on s’en souvienne et que nos valeurs méritent d’être défendues.

« Notre détermination n’a jamais été aussi évidente que lorsque nos deux grandes nations s’épaulaient contre la tyrannie. Les peuples de nos deux nations ont pris de grands risques parce que notre cause était légitime : défendre les valeurs que nous partageons, la liberté, la démocratie et la primauté du droit. »

C’est en juin 1950 que ces valeurs ont été menacées. Après la Seconde Guerre mondiale, les forces japonaises en Corée s’étaient rendues aux alliés, dirigés par les États-Unis, au Sud alors que ceux du Nord se rendaient à la Russie.

Le 38e parallèle fut choisi, arbitrairement, comme ligne de division. Cela ne devait durer que jusqu’à ce que les forces américaines et russes quittent le pays et on espérait que la Corée serait un pays uni après le départ des étrangers. À la place, une dictature communiste était établie dans le Nord et un gouvernement instable, mais démocratique, dirigeait le Sud

Le 25 juin 1950, les forces militaires de la Corée du Nord traversaient le 38e parallèle et atteignaient Séoul peu après. Les Nations Unies, qui n’existaient que depuis cinq ans, devaient agir. Seize pays, dont le Canada, acceptèrent d’envoyer des forces sous un commandement états-unien.

Une attaque amphibie à Incheon, le port le plus près de Séoul, où se trouve actuellement l’aéroport international, prit les forces nord-coréennes par surprise. Séoul fut libérée en septembre et les Nord-Coréens se replièrent. Ils furent poursuivis jusqu’aux environs de la frontière avec la Chine, mais cette dernière intervint, envoyant une grande force qui repoussa les armées de l’ONU et de la Corée du Sud jusqu’au parallèle 38, à leurs positions le long de la rivière Imjin.

À la mi-février 1951, des unités du Canada, de la Grande-Bretagne, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Inde s’assemblaient en une force du Commonwealth. Ce groupe prit part à une poussée en direction nord vers le 38e parallèle. En fin avril 1951, les Chinois et les Coréens du Nord ripostaient dans les secteurs de l’ouest et de l’ouest central. Les troupes états-uniennes furent obligées de se replier et les Canadiens et les autres troupes du Commonwealth prirent part au combat pour les aider à battre en retraite.

Les hostilités se sont poursuivies pendant deux ans de plus mais la bataille piétinait, les deux côtés se retranchant près du 38e parallèle. En fin de compte, l’armistice est arrivé, à Panmunjom, en juillet 1953. Cependant, la Corée du Sud n’a jamais signé l’armistice, alors, théoriquement, elle est encore en guerre avec le Nord.

La délégation a eu une idée du style de vie qu’avaient les troupes coréennes après le cessez-le-feu, à l’occasion d’une visite au poste d’observation de Sang Seung, au nord de Séoul. Il est interdit d’y prendre des photos et on considère qu’il est trop risqué de permettre l’accès libre aux touristes.

La sous-ministre des Anciens combattants Suzanne Tining se joint au représentant de la Légion Michael Cook à Naechon. [PHOTO : TOM MACGREGOR]

La sous-ministre des Anciens combattants Suzanne Tining se joint au représentant de la Légion Michael Cook à Naechon.
PHOTO : TOM MACGREGOR

De là, plusieurs des anciens combattants nous ont indiqué les zones où ils avaient patrouillé. « C’est un pays affreux pour le combat », dit Russ Cormier, âgé de 76 ans, de London (Ont.). Il le sait bien. Il a passé une bonne partie du temps qu’il était en Corée à cet endroit, en patrouille pour le Royal Canadian Regiment, à observer l’autre côté. « On sortait seulement la nuit. On pouvait nous voir durant la journée. »

Hubert Lalonde, membre âgé de 77 ans de la filiale Chippawa de la Légion, de Niagara Falls (Ont.), a servi dans la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. Il se souvient des patrouilles au front. En mars 1952, un de ses compagnons et lui ont été atteints par un obus. « On s’est fait couvrir de terre mais on n’a pas été blessés. J’allais dire que les obus ne tombent jamais au même endroit quand le deuxième est arrivé », dit-il.

« Voyez-vous cette marque près de mon œil? » dit-il en indiquant une tache foncée. « C’est de la terre de Corée que je transporte partout. On m’avait dit que l’éclat allait ressortir tout seul, et c’est arrivé. Mais la terre est restée là. »

Le lendemain, la délégation est allée au Jardin commémoratif canadien de la guerre de Corée, à Naechon. Il est au cœur de la vallée de la Gapyong, que les Canadiens appelaient alors Kapyong. C’est là qu’a eu lieu une des batailles les plus terribles de la guerre. En avril 1951, le 2e Bataillon de la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry a failli être soumise par les vagues de soldats chinois qui déferlaient sur lui. En fin de compte — dernière tentative, fructueuse, pour repousser l’ennemi — les officiers de la PPCLI ont demandé à l’artillerie de faire feu sur leurs propres positions. Dix soldats de la PPCLI en sont morts et 23, blessés. La U.S. Presidential Citation a été décernée au 2e de la PPCLI et au 3rd Royal Australian Regt. suite à cette action.

« Ici, maintenant, on a peine à se souvenir que cet endroit était bien différent il y a quelque 55 ans. Il avait été ravagé par la guerre. Un endroit de souffrances terribles, un endroit où des villages entiers avaient été effacés par les bombes et dont les survivants transportaient le peu de choses qui leur restait sur le dos », dit Thompson, au jardin.

« Au milieu de toute cette misère, nos troupes arrivaient pour se mesurer à un ennemi connaissant le terrain bien mieux qu’elles, qui était bien plus habile pour gravir montagnes et collines. C’était un terrain vraiment étranger, impressionnant aux yeux de nos gars des Prairies. Pourtant, ils ont tous trouvé la force, le courage, la volonté d’aller de l’avant. »

Le moment crucial, le dernier jour que la délégation a passé alentour de Séoul, a eu lieu durant la visite à Panmunjom, où le cessez-le-feu a été négocié et où les deux côtés continuent de se rencontrer pour s’occuper des protocoles allant de ceux des visites touristiques jusqu’à ceux de l’aide humanitaire.

Le groupe est allé au Camp Bonafas, une enceinte américaine où les soldats états-uniens et coréens gardent la seule route entre les deux Corée. Après les renseignements donnés par des soldats américains, on dit à la délégation que des « guides prêts au combat » allaient monter dans les autocars avec eux. Le premier point de repère était ce que, d’après le guide, la revue Golf Digest avait appelé le terrain de golf le plus dangereux au monde, car il y a des terrains de mines de trois côtés. « La tension est très, très élevée actuellement, » dit le guide aux pèlerins quand ils arrivaient aux trois édifices à un étage peints en bleu. Des gardes de la République de Corée se tiennent à un bout de chaque édifice et des gardes nord-coréens à l’autre. « Ne faites aucun geste vers les Nord-Coréens. Quoi qu’ils fassent », dit-on au groupe. Mais c’était difficile car des civils nord-coréens visitaient l’autre côté et ils saluaient les Occidentaux de la main.

Les soldats sud-coréens sont entrainés à se tenir en position d’art martial, les poings fermés. Bien qu’ils soient immobiles comme une statue, ils sont prêts à agir. Il y en a un qui l’a fait quand une des Coréennes qui assistaient la délégation s’approcha d’une chaise pour la bouger. Le soldat lança rapidement un cri d’art martial, présentant une main ouverte verticalement et dit à la femme de ne pas s’approcher davantage. Elle recula et le garde reprit son poste.

Il y a une ligne au centre de la pièce qui représente le 38e parallèle. Bien qu’on permette aux voyageurs de traverser la ligne un instant, on les avait avertis de ne pas s’approcher de la porte qui donne sur le côté nord de l’enceinte.

La délégation a visité un autre lieu un peu plus loin le long de la route, sans toutefois pouvoir prendre des photos. Il s’agit de Daeseong-dong, c’est-à-dire village de la liberté, où des Coréens habitent encore, qui exploitent des fermes viables. Les résidents doivent soit avoir habité là, soit être des descendants de gens qui y habitaient, quand la zone démilitarisée a été établie. Ils peuvent vendre leurs récoltes en Corée du Nord ou du Sud, mais ils vivent dans des conditions sévères. Tout le monde doit quitter les champs et retourner au village à la tombée de la nuit et chez eux avant minuit.

Le « pont de non-retour » n’est pas loin de là. C’est là que les prisonniers ont été échangés après l’armistice. Les prisonniers avaient le choix. Ils pouvaient aller en Corée du Nord ou du Sud, mais quand ils avaient traversé le pont, ils ne pouvaient plus revenir. Bien que beaucoup de prisonniers du Nord aient bondi sur l’occasion d’aller vivre en Corée du Sud, il y en a qui sont allés au Nord à cause de liens familiaux.

Parmi ces prisonniers se trouvait un Canadien, Jim Gunn de Gatineau (Qc) et un membre de la délégation. En tant que seul prisonnier de guerre de retour, on lui a permis d’aller sur le pont, escorté par des gardes américains et d’en revenir. Gunn, à qui on demande s’il se souvient d’avoir traversé le pont, dit de manière abrupte, honnêtement, qu’il ne s’en souvient pas du tout.

Cet homme de 73 ans, qui était alors simple soldat et tireur d’élite du RCR , a été fait prisonnier par les Chinois, quand il était en patrouille, le 2 mars 1953. « On savait qu’on allait se faire prendre, alors on a démonté les fusils et les télescopes et on les a enterrés avant qu’ils nous attrapent. Ils ont trouvé les armes assez vite mais ils ne savaient pas comment les remonter. Ils nous regardaient, mais on haussait les épaules », dit Gunn, et il lève les bras comme pour indiquer qu’il ne comprend pas.

Après la visite à Panmunjom, la délégation est retournée à l’aéroport prendre l’avion pour Busan. C’est là-bas que la plupart des soldats sont arrivés, par bateau, et qu’ils ont foulé le sol coréen pour la première fois.

Le cimetière commémoratif des Nations Unies à Busan, de 35 acres, contient les restes de 2 300 militaires alliés qui se sont battus aux côtés des Coréens du Sud. Trois-cent-soixante-dix des tombes sont celles de Canadiens.

Là, la délégation a réglé les dernières cérémonies, dont la première était la cérémonie autochtone de l’aube. C’était une cérémonie moins solennelle, en l’honneur des éléments, qui a eu lieu à 8 h, après le lever du soleil.

Noel Knockwood de Lake Echo (N.-É.), né dans la réserve indienne Brook, à Shubenacadie (N.-É.), il y a 75 ans, dirigeait la cérémonie. Il a servi dans le 1er Régiment de campagne du Régiment royal de l’Artillerie canadienne et, après la guerre, a été enseignant et a servi comme sergent d’armes à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse.

Les représentants de l’Association nationale des anciens combattants autochtones, des Anciens combattants des Premières nations du Canada et de l’Association canadienne des anciens combattants métis ont formé un cercle et brulé du tabac. Knockwood a dirigé des prières en micmac et en anglais. « Nous avons prié le dieu que nous connaissons. Nous appelons Dieu Grand-père/Grand-mère car nous ne savons pas de quel sexe il est. »

Knockwood se souvient d’un soldat aborigène, avec qui il a servi, qui était chauffeur. Ils avaient été en permission ensemble et l’officier que son ami conduisait voulait retourner au front. En même temps, les ingénieurs alliés utilisaient des explosifs pour faire une nouvelle route. La zone de travail n’était pas bien indiquée et ils ont roulé dans une explosion qui a causé un glissement rocheux. Les débris projetés sont passés à côté de l’officier et ont tué l’ami de Knockwood.

Pendant le service commémoratif au cimetière, Thompson dit « je sais que ce cimetière est également d’un grand réconfort aux anciens combattants qui  sont venus ici aujourd’hui. Pendant 55 ans ils n’ont pratiquement rien demandé ni à leur pays ni à nous. Mais, après réflexion, ils vous diront qu’il y a tout de même une question qui pèse lourdement sur leur esprit. Les générations futures se souviendront-elles d’eux? Les aideront-elles à respecter leur vœu de ne jamais oublier leurs camarades morts au combat?

« Ce matin, les réponses à ces questions sont claires. Nous sommes sincèrement reconnaissants envers toutes les personnes qui ont contribué à faire de ce cimetière un si beau monument à leur mémoire. »

Après le dépôt de couronnes par les représentants, le groupe s’est promené dans la section canadienne du cimetière et déposé une couronne au monument militaire coréen érigé aux morts cana­diens. Ce dernier, dévoilé en 2002, comporte une sculpture en bronze d’un soldat canadien portant un enfant coréen dans ses bras, un autre enfant à côté. Il y a un monument identique à Ottawa.

Le monument d’origine a été conçu par le vétéran de la guerre de Corée Vince Courtenay et sculpté par l’artiste coréen Yoo Young-mun. Sur l’original, ainsi que sur celui d’Ottawa, se trouvent les noms des 516 Canadiens morts à la guerre de Corée. Les mots « Nous ne vous oublierons jamais, valeureux fils du Canada » y sont inscrits.

Thompson a déposé une couronne au monument coréen et puis écouté la chorale des enfants de l’école élémentaire Suk-Po de Busan. Les chansons des jeunes, qui jouaient d’instruments traditionnels, concernaient la bravoure des Canadiens en Corée.

Malgré la tension au 38e parallèle, on s’aperçoit encore que c’est un pays qui a beaucoup prospéré au cours des dernières décennies. La Corée du Sud, nation en ruines qu’elle était, est deve­nue l’un des 10 plus grands pays exportateurs du monde et un des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

L’ambassadrice des jeunes à la délégation, Kathleen O’Brien de Yellowknife (T. N.-O.), dit que le voyage l’a beaucoup touchée. « Je suis allée à Vimy avec mon école, mais il n’y avait personne avec nous qui s’était battu à la Première Guerre mondiale. Ce voyage est tellement actuel et les hommes qui s’y sont battus sont avec nous », dit cette élève d’école secondaire qui avait été choisie dans le cadre du programme jeunesse Rencontres du Canada. « Je pense que j’aimerais avoir un emploi qui me permette de revenir. »

De dire Mike Cook de la Légion : « J’ai trouvé le voyage très instructif mais ce qui me surprend c’est l’hospitalité et la reconnaissance que le peuple coréen ressent envers les Canadiens ».

« Je pense que ce voyage est une révélation. On voit des villes et des routes où il n’y avait rien », dit Cormier. « Ce qui m’impressionne le plus, ce sont les visages souriants des enfants. La dernière fois que j’étais ici, ils ne sou­riaient pas. Ils avaient faim et froid. Maintenant, ils sourient et ne semblent avoir aucun souci. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est ce que nous avons fait. »

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