À Sherbrooke, les jeunes athlètes portent leur regard sur les Jeux olympiques

En 2008, le moment des Championnats nationaux d’athlétisme pour jeunes de la Légion royale canadienne n’aurait pu être mieux choisi.

Durant la fin de semaine où les meilleurs athlètes junior du Canada s’assemblaient à Sherbrooke (Qc), les meilleurs athlètes canadiens seniors rejoignaient les meilleurs du monde à Beijing (Chine), aux Jeux olympiques de 2008.

Et tout comme nombre d’athlètes aux épreuves de la Légion, qui ont eu lieu du 7 au 12 aout, aspiraient à Londres en 2012, on peut être sûr qu’à Beijing, beaucoup d’athlètes se rappelaient de leur participation, quand ils étaient plus jeunes, aux épreuves de la Légion.

Ces dernières ont commencé officiellement le vendredi soir, à l’occasion d’une cérémonie réglée à l’intérieur à cause de la pluie, où les équipes ont défilé autour d’une piste et ont abouti devant les tribunes, face au podium.

« Nous sommes ici en l’honneur des anciens combattants, et pour les représenter », dit le président national Wilf Edmond à la foule. « Je ne glorifie pas la guerre quand je parle des gens à la mémoire desquels nous nous réunissons. Mais nous allons tous glorifier leur mémoire lors des efforts que nous faisons pour aller plus vite, plus haut, plus loin. Je vous souhaite « good luck et bonne chance ».

Ces championnats n’étaient pas ordinaires car, cette année, pour la première fois, les athlètes autres que ceux du réseau de la Légion avaient le droit d’y participer, à leurs propres frais, (Athlétisme Canada s’associe au programme d’athlétisme de la Légion, mai/juin).

Ainsi, en plus des 304 athlètes qui se sont qualifiés aux épreuves de la Légion, il y en avait 248 autres qui, ayant satisfait aux normes minimales, participaient aussi à la compétition. La plus grande partie d’entre eux venaient de grands clubs d’athlétisme comme celui des Lions d’Ottawa mais il y en avait aussi de clubs plus petits et de filiales de la Légion.

Hugh Conlin, directeur des programmes de développement d’Athlétisme Canada, était là en tant que représentant principal du corps administratif de l’athlétisme canadien. C’est un grand supporter du nouveau format ouvert parce que la rencontre de la Légion, dit-il, en devient une épreuve vraiment nationale qui accueille les meilleurs Canadiens.

« Dans l’ensemble, cela a été fait avec l’accord de la Légion et, bien qu’il pourrait y avoir le risque que les provinces les plus fortes dominent certaines des épreuves — ça se pourrait — il va falloir attendre les résultats », dit Conlin. « Mais même si des athlètes doivent payer leur propres frais, ce qu’il y a de bien c’est que le financement de la Légion donne l’occasion d’y aller à des athlètes qui ne le pourraient pas autrement, et je pense qu’on aura toujours besoin de ça.

« C’est un événement extrêmement important pour notre pays », dit Conlin. « La Légion l’organise depuis des années mais c’est la première fois que nous sommes ses partenaires. Dorénavant, en plus d’être le championnat national de la Légion, c’est un championnat de jeunes ouvert, alors c’est vraiment un championnat national pour les athlètes de moins de 18 ans, et nous sommes heureux d’en faire partie.

« On ne peut trop insister sur l’importance du rôle qu’a eu la Légion par rapport à la promotion de l’athlétisme au Canada. Il n’existe aucun autre club de services au Canada qui en ait tant fait pour l’athlétisme, et chaque filiale de chaque division de la Légion participe. C’est extraordinaire. »

Les jeux eux-mêmes ont commencé très tôt le samedi matin. Durant les deux jours qui ont suivi, il y a eu nombre de performances remarquables et beaucoup de records ont été pulvérisés.

Une des épreuves les plus excitantes a été celle du sprint de 200 m chez les moins de 18 ans, où Oluwasegun Makinde et Philip Hayle de l’Ontario s’éperonnaient l’un l’autre jusqu’à leur limite. Bien que Makinde ait gagné et inscrit un nouveau record national chez les jeunes en 21,43, la course était si serrée qu’il a fallu avoir recours au photo témoin. Hayle a terminé en 21,44, le record canadien de la jeunesse précédent.

Après la course, les deux athlètes ont célébré leur course, sur la piste, devant une foule qui applaudissait à tout rompre. Tout de suite après la course, Makinde nous disait ce qui s’était passé. « Mon meilleur résultat, avant, la semaine dernière, c’était 21,48 et puis je suis venu ici, où courait Philip — nous courons toujours ensemble — et il allait vraiment vite. Je savais que le temps serait très court parce qu’il était dans la course et ça s’est avéré un nouveau record, alors c’est juste que je suis chanceux. »

Ce n’était pas la première épreuve de Makinde à la Légion, mais c’était sa dernière. Cependant, on peut s’attendre à le revoir : aux Olympiques « en 2012, espérons. Si j’y arrive. C’est de ça que je rêve », dit Makinde.

Le samedi matin, Geneviève Lalonde du Nouveau-Brunswick battait le record de la jeunesse aux 3 000 mètres, lequel était de 9 min 37,35, en 9 min 36,77, et elle se faisait acclamer avec frénésie par le contingent néo-brunswickois qui se trouvait dans les gradins.

Mais rien n’a excité la foule autant que les épreuves de relais, le samedi en fin d’après-midi. On aurait dit que les spectateurs s’égosillaient tous pendant que les athlètes couraient aux 4 x 100 mètres et aux 4 x 400 mètres. En fin de compte, ce sont la Colombie-Britannique, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse qui ont obtenu les médailles d’or.

D’autres records ont aussi été battus, ailleurs sur le terrain. Christabel Nettey a battu le record canadien de la jeunesse au saut en longueur, chez les moins de 18 ans, grâce à un saut de 6,21 mètres, et Alyxandria Treasure de la Colombie-Britannique a gagné au saut en hauteur grâce à un saut de 1,81 mètre, pulvérisant le record de la Légion ainsi que le national.

En même temps, Karleigh Parker de l’Ontario gagnait au saut à la perche chez les moins de 18 ans grâce à un saut audacieux de 3,38 mètres. Parker, âgée de 16 ans, qui était classée première au début de l’épreuve, savait qu’elle avait de bonnes chances mais elle n’avait pas sauté aussi haut en compétition auparavant. « J’espérais que mon adrénaline, parce que j’étais ici, me permettrait de sauter plus haut », dit-elle, « je ne m’attendais pas à aller aussi haut — 3,31 peut-être mais […]. »

Sa victoire en poche, elle avait hâte, comme beaucoup d’athlètes, aux autres manifestations organisées à la rencontre de la Légion, comme les danses, les visites et les autres événements sociaux. Parker, qui avait déjà participé à des rencontres de la Légion, dit que l’événement lui avait plu du début à la fin.

« C’est très agréable. On s’est beaucoup diverti », dit-elle et puis elle ajoute, le sourire aux lèvres, « il y a une danse ce soir… »

En effet, la manifestation de la Légion n’est pas seulement une compétition sportive. Les athlètes arrivent plusieurs jours avant la compétition afin d’avoir le temps de participer à des séminaires et à des ateliers, et pour se faire entrainer par les plus grands experts du Canada.

« C’est très important de donner aux jeunes les renseignements sur les choses qu’ils doivent savoir, de les aider à s’exercer », dit Conlin à propos de la raison d’être des manifestations des premiers jours. « Nous avons eu une conférence sur les drogues et les sports, sur l’alimentation et le rétablissement, la psychologie du sport et la fixation d’objectifs, et puis il y a eu l’analyse technique et l’évaluation de plusieurs choses. Il est important que les jeunes sachent toutes ces choses; cela va les aider à se préparer. Nous voulons que ce concept fasse partie de cette rencontre à jamais.

« Ces gens sont ici parce qu’ils sont les meilleurs du pays dans leur groupe d’âge. Et ils sont l’avenir du sport, c’est certain », dit Conlin. « Une bonne partie de notre équipe nationale a fait ses débuts ici, à ce championnat national, et j’imagine qu’une bonne partie des gens aux Olympiques a participé à l’une ou l’autre des épreuves de la Légion.

« À Athlétisme Canada, nous sommes vraiment heureux que la Légion a été une si bonne meneuse pendant 40 ans quand il s’agissait d’offrir des occasions d’entrainement aux jeunes athlètes, dont cette compétition-ci, qui offre tant d’avan­tages culturels aux athlètes en ce qui concerne les voyages et la culture. »

Les équipes et les athlètes parrainés par la Légion ont aussi reçu des points — allant de 10 points pour une victoire jusqu’à 1 point pour une huitième place. En fin de compte, les résultats des équipes ont démontré que la Division de l’Ontario était la plus forte avec 641 points, celle de la Colombie-Britannique/ Yukon la suivait avec 566 points, et celle de l’Alberta/Territoires du Nord-Ouest venait ensuite avec 420 points.

La manifestation ayant fini, il y avait un très grand nombre de résultats excellents parmi lesquels choisir les deux athlètes de l’année mais, en fin de compte, il a fallu se rendre à l’évidence. Chez les garçons, c’était Gregory MacNeill de London (Ont.), qui avait été premier à quatre épreuves : les 110 mètres haies, les 400 mètres haies et les relais de 4 x 100 mètres et de 4 x 400 mètres. Chez les filles, c’était Christabel Nettey de la Colombie-Britannique, qui avait été troisième aux 100 mètres et troisième au relais de 4 x 400 mètres, avait fixé un record de la Légion aux 100 mètres haies et avait fixé un nouveau record canadien au saut en longueur.

« Je suis très heureuse parce que la saison a été dure », dit Nettey, qui s’est foulé un jarret lors d’une rencontre en avril et encore une fois en juin. « J’étais blessée, alors prouver que je pouvais revenir et travailler dur a été tout un accomplissement. »

C’était le troisième et dernier voyage aux nationaux de la Légion pour Nettey — et la deuxième fois qu’elle était nommée athlète de l’année — et bien qu’elle vise la gloire à la course internationale, aux Olympiques de 2012, elle dit que les épreuves de la Légion vont lui manquer parce qu’elle s’y est beaucoup amusée avec les camarades.

« C’est parce qu’on habite avec les coéquipiers que c’est extra », dit cette Britanno-Colombienne de 17 ans « mais, à cette rencontre, c’est comme tout le monde s’est réuni et on a établi des relations avec tout le monde. »

Le lundi soir, les athlètes se sont tous rassemblés dans une des cafétérias de l’Université de Sherbrooke, portant leurs plus beaux vêtements, pour la remise des prix et les cérémonies de clôture.

Vers le début de la réunion, l’ancien vice-président national John Alger, président du Comité national des sports de 2006-2008, a prononcé un discours bref mais enthousiasmant.

« C’était et c’est encore, le désir des anciens combattants que cette rencontre se réalise. Et vous nous aidez à tenir une promesse que nous avons faite il y a très longtemps », dit Alger. « Il faut maintenir et étendre notre profil public pour conserver cet événement, ce qui veut dire que vous allez tous devoir dire à tout le monde que c’est le meilleur en son genre dans le pays. Et dites-leur que nous, à la Légion, non seulement nous préparons les jeunes gens pour l’avenir, nous croyons vraiment en ce que nous faisons pour améliorer nos collectivités afin d’y vivre mieux. »

Une autre chose a aussi fait l’effet d’un changement cette année : Henderson et Carol Paris, chaperons en chef à la manifestation depuis nombre d’années, ont démissionné.

« Rien n’est parfait », dit Paris. « Mais il faut beaucoup travailler pour faire des changements. Il y a eu beaucoup de bons changements dans ce programme au fil des ans, comme la diversité, l’ouverture et l’inclusion. »

« Nous désirons que vous vous efforciez d’atteindre vos objectifs, que vous visiez encore plus haut dans la vie et que vous soyez toujours gentils les uns avec les autres », dit-il.

Le Comité des préparatifs locaux qui, présidé par Gilles Lussier, a bien accompli une tâche immense, a aussi été remercié à plusieurs reprises. « Nous avons travaillé toute l’année pour que tout soit prêt, dit Lussier, et cela fait plaisir de (les) voir tous ici finalement, en compétition. »

À la fin de la cérémonie, des athlètes de chaque province ont pris le microphone pour remercier la Légion. Nombre d’entre eux étaient drôles et irrévérencieux — celui qui a fait le plus rire était le jeune homme de l’Ontario qui dit à la foule de « fêter au max ».

Certains autres athlètes ont parlé bien plus sérieusement. Comme Mike Jacobs du Nouveau-Brunswick qui dit que « On peut se plaindre et être en désaccord à propos de certaines choses mais, en fin de compte, je sais que nous sommes tous extrêmement fiers de représenter nos provinces à cette rencontre. Cela dit, les compétitions terminées, à mes yeux, les athlètes ne sont plus des autres provinces, ce sont des athlètes du Canada. »

Edmond était présent aussi à la cérémonie de clôture. En tant que dernier orateur de la soirée, il raconta aux jeunes athlètes l’histoire du soldat Mark Graham, un sprinteur qui a participé aux championnats nationaux de la Légion, a fait partie de l’équipe olympique cana­dienne, et est mort au combat pour son pays, en Afghanistan, en septembre 2006. Les athlètes, qui étaient presque tous turbulents avant le discours, ont été attentifs et respectueux pendant qu’il parlait, et ils semblaient impressionnés par l’histoire du sacrifice de Graham.

« La semaine a été extra mais le moment est venu de se dire adieu », dit Edmond, sur une note un peu moins sombre. « Il vous a fallu savourer les joies dues aux victoires et éprouver les déboires dus aux pertes. On ne peut pas toujours gagner, bien sûr. Mais ce qu’on peut faire, c’est donner le meilleur de soi-même, et il me semble que vous l’avez tous fait.

« Pour finir, je vous souhaite d’avoir, tout au long de votre vie, la même détermination que vous avez eue sur le terrain; et si vous, athlètes, y réussissez, eh bien, mesdames et messieurs, vous en sortirez gagnants. »

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