Des équipes de cribbage surmontent des défis personnels à Prince Albert

Au côté nord des plates étendues des Prairies, à peine à un peu plus d’une heure au nord de Saskatoon, se trouve la filiale Prince Albert, où ont eu lieu les Championnats nationaux de cribbage de la Légion de 2006.

Lors des compétitions du 28 au 30 avril, les joueurs de cartes d’à travers le Canada se sont assemblés pour jouer leurs mains, ramasser les points et découvrir qui sont les meilleurs chez les simples, les doubles et les équipes en 2006. Ce tournoi de fin de semaine qui a duré trois jours était plein de jeux de grande qualité et de batailles exceptionnellement serrées; à la fin, presque toutes les équipes avaient vraiment une possibilité de repartir avec un des titres. Lorsqu’on a arrêté de taper les cartes, et que les Terre-Neuviens Paul Keeping, Wayne Lucas, Lonnie White et David Foote ont arrêté de danser, les points ont été comptés pour révéler que des joueurs de trois divisions différentes avaient non seulement dépassé leurs adversaires, ils avaient surmonté leurs défis particuliers, que ce fut l’âge, la blessure ou la maladie, pour revendiquer leur championnat respectif.

Prince Albert est une ville du genre à toute épreuve, dont la population s’élève à 45 000 et où il n’y a pas moins de six maisons de correction. Mais c’est aussi un endroit intéressant, où la population d’Aborigènes est importante, avec un centre-ville charmant et la gentillesse sans pareille pour laquelle la Saskatchewan est reconnue.

Les épreuves ont commencé le samedi matin après un court défilé autour du terrain de la filiale. Un cornemuseur a dirigé un grand contingent de cadets de l’armée, de dignitaires de la Légion et de joueurs durant la cérémonie. Le président de la Division de la Saskatchewan Frank Simpson et le représentant de la Direction nationale Bob Hannah ont reçu les joueurs avec des discours et leur ont tous souhaité de bonnes cartes et bonne camaraderie.

La compétition des doubles a commencé tout de suite après les cérémonies d’ouverture. Les parties étaient formées de deux manches avec un point pour chaque victoire et un deuxième point si le côté perdant n’atteignait pas 90 points, ce qui s’appelle un ‘skunk’. Un autre point est donné si le côté perdant a un skunk aux deux manches.

La matinée s’est passée dans une confusion de cartes et de chevilles et au dîner, au milieu de la poule, quatre équipes s’étaient séparées de la meute. L’Alberta-Territoires du Nord-Ouest menait avec 8 points, et puis ensuite venaient l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique/Yukon avec 7 points chacun. Durant la session d’après-midi, toutes les équipes se sont maintenues remarquablement près et, lors de la dernière main, il y avait huit équipes dans un écart de trois points qui pouvaient encore obtenir le titre. N’importe qui pouvait remporter la partie.

À la fin, toutefois, la victoire appartint aux forces de l’expérience et de la sagesse, quand le duo de Saint John (N.-B.), Josie et Donna McLellan, inscrivaient une victoire de deux points contre le Québec, ce qui leur donnait le titre avec un total de 13 points. L’équipe de la filiale Jervis Bay Memorial fut dirigée vers la victoire par Josie, une farceuse de 87 ans qui joue au cribbage depuis bien longtemps. Elle attribue son succès à l’habileté de sa partenaire et belle-fille Donna, mais aussi à la réserve de connaissances qu’elle a accumulées au fil du temps.

“Je sais qu’il faut avoir les cartes, bien sûr, mais il faut quand même savoir jouer”, dit l’octogénaire alerte qui était on ne peut plus heureuse de penser à l’impact que sa victoire aurait chez elle, à la filiale Jervis Bay Memorial. “Ils vont être surpris. Il y en a beaucoup qui pensaient que je suis trop vieille rien que pour venir ici. Mais je suis heureuse maintenant.”

L’équipe de l’Île-du-Prince-Édouard formée par Wayne et Juanita Millar, de la filiale Ellerslie, est arrivée en deuxième place avec 12 points alors que Gerard et Winnifred Wilson, de la filiale Peachland (C.-B./Yukon) a obtenu la troisième place, avec 12 points également.

La compétition des simples a commencé tard le samedi après-midi et elle était tout aussi serrée que celle des doubles. Au milieu de la poule, l’affable Ken Fulmek de l’Alberta/T. N.-O. était en première position, ce à quoi il est habitué car il était dans l’équipe des doubles qui menait aussi au milieu de la session du matin.

Mais cette fois-ci, grâce à de bonnes cartes et beaucoup de savoir faire, Fulmek a inscrit un total de 16 points, ce qui lui a permis de tenir à l’écart Samuel Faruci du Manitoba/Nord-Ouest de l’Ontario et Fred Maniak de la filiale Comox (C.-B.).

Durant la dernière partie, Maniak a remporté une des deux manches, arrivant presque à battre le champion, et Fulmek l’autre. Vu que Maniak n’avait que deux points de retard au début du match, une grosse victoire aurait donné une tout autre issue au tournoi.

Fulmek, qui joue pour la filiale North Calgary, était particulièrement fier de sa victoire, vu ce qu’il a dû surmonter. En 1981, suite à un accident de motocyclette, il a passé deux ans inconscient et huit ans à l’hôpital. Il a été prononcé mort pas moins de deux fois, a subi 85 opérations et a passé 10 ans dans un fauteuil roulant. Maintenant, bien qu’il marche en boitant, ce gars chanceux s’est concentré énormément sur les cartes.

“J’adore les cartes parce qu’elles me tiennent compagnie, elles sont ma deuxième vie”, dit Fulmek, qui prétend que sa relation spéciale avec les cartes est la raison d’être de la bonne chance dont il a l’habitude. “Je parle à mes cartes et elles me répondent. Je suis diablement fier d’avoir gagné.”

Faruci a fini par obtenir la deuxième place avec 14 points (la quatrième fois qu’il obtient la deuxième place chez les simples au cribbage national), alors que Maniak, avec 14 points aussi mais ayant perdu la partie contre Faruci, est arrivé en troisième place.

À la fin de la longue journée de jeux, le samedi, les compétiteurs, les membres de la filiale et les dignitaires de la Légion se sont rassemblés à un souper et une soirée dansante.

La compétition des équipes qu’on attendait impatiemment, où les équipes de quatre se mettaient en garde pour voir quelle division était la plus forte, commença dimanche matin. Chaque équipe était divisée en sections de deux joueurs : A et B.

L’équipe de la Nouvelle-Écosse/ Nunavut a pris les devants au début de la journée, et elle a maintenu sa position jusqu’au dîner. Pour une équipe formée par des joueurs qui ont réussi à obtenir la dernière place chez les simples et chez les doubles le samedi, c’était une très bonne performance.

Durant l’après-midi, il était clair que la N.-É./Nun. n’avait pas l’intention de se laisser dépasser facilement et, à la dernière partie c’était l’impasse entre les joueurs de la côte est et l’équipe de Grand Bend (Ont.). À cause d’un caprice du destin, toutefois, les deux côtés de la N.É./Nun. ont été blanchis à la dernière partie, ce qui a donné une victoire d’un point à l’équipe de l’Ontario formée par Dwight Jennison, Ron Crown, Carl Vincent et Edward Geisel. Après une belle entre la N.-É./Nun., le Manitoba-Nord-Ouest de l’Ontario et l’Alberta-Territoires du Nord-Ouest, qui étaient ex-aequo avec 24 points, l’escouade de Winnipeg obtenait la deuxième place et celle de la N.-É./Nun. obtenait la troisième.

L’équipe de la filiale Grand Bend a quelque peu surpris quand elle a gagné car, dimanche matin, Carl Vincent se sentait trop mal pour jouer. Heureusement que les règles tiennent compte de ce genre de circonstances et on a permit à un remplaçant de la filiale, Sam Hurford, de jouer pour l’équipe de l’Ontario. D’après Crown, l’ajout d’un joueur inconnu à la dernière minute n’a pas vraiment diminué leurs chances.

“On joue simplement les cartes qu’on a, il n’y a rien d’autre qui compte. Quand on obtient les bonnes cartes, on gagne”, dit Crown, qui pensait que la nouvelle de leur victoire remonterait le moral de leur coéquipier. “On va lui dire qu’on a gagné et peut-être qu’il va commencer à mieux se sentir.”

Quant à Hurford, un vétéran de la guerre de Corée qui joue au cribbage depuis 1952, il était simplement heureux que l’équipe l’ait accepté si vite; et il était encore plus heureux d’être champion national.

Une fois que les gagnants du tournoi ont été décidés, il ne restait qu’à profiter des généreuses cérémonies de fermeture. Beaucoup de camaraderie et la bonne humeur évidentes, surtout parmi les Terre-Neuviens, il était clair que tous les joueurs s’étaient immensément amusés durant la manifestation.

“Les sports à ce niveau-ci sont importants, parce que notre effectif respire la santé grâce aux sports, vraiment. Je sais que c’est en train de devenir plutôt difficile pour la Direction nationale de soutenir ce programme de sports, mais c’en vaut la peine”, dit Hannah, président sortant de la Division de l’Alberta et membre du Comité national des sports depuis 2004.

Simpson est d’accord que les manifestations sportives comme le cribbage et les fléchettes ont des récompenses distinctes. “Pour la filiale hôtesse elle-même, sans même penser au côté financier, c’est une occasion de s’engager un petit peu plus aux activités de la Légion; quand on fait quelque chose de cette ampleur, on peut faire appel à des bénévoles qui autrement n’auraient pas travaillé pour la filiale.”

Toutefois, Simpson croit aussi que les difficultés aux adhésions et aux finances dans toute la Légion vont exiger qu’on fasse quelques modifications à la manière dont les programmes des sports sont financés. La solution, dit Simpson, c’est de commencer à demander des frais d’inscription aux divers niveaux de compétition. De cette façon-là, les membres dans leur ensemble ne seraient pas obligés de payer une augmentation des frais d’adhésion pour soutenir un programme dont tout le monde ne profite pas.

“L’idée de camaraderie, ont ne peut pas y mettre un prix, mais il y a des gens qui disent que nous sommes en train d’offrir des vacances gratuites à ces joueurs”, dit Simpson. “J’ai participé aux programmes des sports et je crois que les participants devraient presque en faire un programme autosuffisant. Si les participants désirent continuer dans les sports nationaux, il faudra qu’ils puissent dire ‘nous allons y mettre de l’argent’.”

D’après le président du comité des préparatifs locaux Bill Demerais, l’obtention des fonds a certainement été un combat continu, mais pas insurmontable si l’on accepte de se démener un peu et de travailler dur. Demerais a toutefois quelques conseils à donner aux présidents des CPL à venir.

“Une des premières choses que j’ai faites a été de prendre contact avec des filiales qui ont déjà été hôtesses de sports nationaux, d’écouter leurs idées et ce qu’ils pensent à propos de leurs succès et leur échecs. Mais il faut aussi prendre contact avec (le secrétaire du comité des sports) à la Direction nationale; après ça, on sait qu’on est sur la bonne voie. Et faites en sorte d’avoir un bon réseau de membres du CPL. Et il faut que vous puissiez accepter les critiques et faire des critiques. Et puis soyez prêt à y passer de nombreuses heures.”

En fin de compte, tout ce travail a valu la peine car la fin de semaine s’est passée sans anicroche. Tous les gagnants des trois épreuves ont surmonté des difficultés, l’âge, la blessure et l’étrangeté, pour obtenir leur victoire alors que les autres participants jouaient dans la bonne humeur. On ne pouvait pas vraiment demander mieux.

Résultats

Équipes : Ont. (fil. Grand Bend), 25; Man./N.-O. O. (fil. James de Winnipeg), 24; N.-É./Nunavut (fil. Kings de Kentville), 24; Alberta-T. N.-O. (fil. North Calgary), 24; Sask. (fil. Robert Combe VC de Melville), 22; Qc (fil. LaSalle), 21; N.-B. (fil. Jervis Bay Memorial de Saint John), 20; Î.-P.-É. (fil. Ellerslie), 16; C.-B./Yukon (fil. Nanaimo), 16; T.-N.-Lab. (fil. Stephenville), 15;

Doubles: N.-B., Josie et Donna McLellan (fil. Jervis Bay Memorial), 13; Î.-P.-É., Wayne et Juanita Millar (fil. Ellerslie), 12; C.-B./Yukon, Gerard et Winnifred Wilson (fil. Peachland), 12; Ont., Ron Crown, Dwight Jennison (fil. Grand Bend); Alberta-T. N.-O., Ken Fulmek, Stan Litwack (fil. North Calgary), 11; Man./N.-O. O., Sam Faruci, Vicki Bilecki (fil. St. James); T.-N.-Lab., Wayne Lucas, Lonnie White (fil. Stephenville), 10; Qc, Maureen Lynch, Kevin Shepherd (fil. LaSalle), 9; Sask., Pat Daly, Ken Campbell (fil. Nipawin), 6; N.-É./Nunavut, Don et Shirley Taggart (fil. Kings), 5.

Simples : Ken Fulmek (fil. North Calgary), 16; Samuel Faruci (fil. St. James), 15; Fred Maniak (fil. Comox), 15; Robert McLellan (fil. Jervis Bay Memorial), 13; Ken Campbell (fil. Carrot River (Sask.)) et Brian Dennis (fil. Ellerslie), 12; Paul Keeping (fil. Stephenville), 11; Edward Geisel (fil. Grand Bend Br. (Ont.)), 6; Maureen Lynch (fil. LaSalle (Qc))., 5; et Henry Graves (fil. Kings (N.-É./ Nunavut)), 4.

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