Des liens solides perdurent entre Halifax, St. John’s et Londonderry, le triangle qu’avaient dessiné les escortes de convoi pendant la bataille de l’Atlantique
Trois ports au Canada et en Irlande du Nord partageaient un même objectif pendant la Seconde Guerre mondiale : ils accueillaient des centaines de convois transportant des soldats et des millions de tonnes de nourriture, de matières premières et de matériel de guerre pour appuyer la Grande-Bretagne assiégée.
Aujourd’hui, Halifax, St. John’s et Londonderry s’unissent pour commémorer les milliers de membres du personnel allié, dont presque 2 000 de la Marine royale canadienne, 1 600 de la marine marchande canadienne et 850 aviateurs, qui furent tués en protégeant des convois pendant la bataille de l’Atlantique.
Des vétérans des marines des deux côtés de l’océan se sont associés pour offrir une cloche de convoi commémorative à chacune de ces trois villes qui représentent le trajet triangulaire des groupes d’escorte des convois de la guerre en Atlantique Nord.
Les cloches sont depuis longtemps un symbole important pour les marins. Elles marquent le passage du temps à bord des bateaux et servent pendant les cérémonies. La fin du quart s’annonce par huit coups de cloche, le même nombre que lors des funérailles en mer. Les cloches de bateau sont aussi des fonts baptismaux : on les retourne et le nom de l’enfant est inscrit sur la cloche.
« Si les bateaux étaient des créatures vivantes, la cloche en serait le cœur et l’âme, et même une partie de la mémoire », explique le capitaine de corvette à la retraite Jim Reddy, capitaine du NCSM Sackville lors de la cérémonie de présentation par la force d’escorte de Terre-Neuve à St. John’s en 2018.
Parmi les anciens combattants qui ont mis la main à la pâte, il y en avait du Crow’s Nest Officers’ Club de St. John’s, du NCSM Sackville à Halifax et de la filiale Londonderry de la Royal Naval Association. La Naval Officers’ Association de l’ile de Vancouver a contribué à l’acquisition des deux premières cloches. Chacune des trois cloches a été consacrée sur la rive opposée de l’Atlantique avant d’être transportée à son lieu d’attache permanent.
La première, la cloche des convois de l’Atlantique Nord, fut remise au Fonds de commémoration de la marine canadienne à l’occasion des cérémonies du 60e anniversaire de la bataille de l’Atlantique à Londonderry, en mai 2005. Elle fut consacrée à la cathédrale de Saint Columb et rapportée au Canada la même année. Elle est exposée à Halifax, où elle fait l’aller-retour entre la Chapelle du Souvenir de la BFC Halifax et le NCSM Sackville, dernière corvette de classe Flower encore en existence, qui sert aujourd’hui de musée.
La deuxième, la cloche Newfie-Derry, fut consacrée dans la cathédrale anglicane de St. John the Baptist à St. John’s en 2007. Elle a été remise par l’Association navale du Canada à la Royal Naval Association. Elle est exposée dans le Tower Museum de Londonderry et on l’utilise lors des commémorations.
« Londonderry était la clé de la victoire dans l’Atlantique », a écrit l’historien J.W. Blake en 1956. C’était la base la plus à l’ouest pour réparer et réarmer les navires, et pendant que cela avait lieu, les marins britanniques, étasuniens ou canadiens profitaient de l’hospitalité irlandaise.
« Nous avions deux cloches, dit le capitaine de corvette à la retraite Pat Jessup, impliqué dans le projet depuis 2005. Et nous en voulions une troisième. »
À l’issue d’une campagne de financement de deux ans au Canada et en Irlande du Nord, la cloche de la force d’escorte de Terre-Neuve a été mise en service à la filiale Londonderry de la Royal Naval Association. Elle fut consa-crée dans la cathédrale de Saint Columb, à Londonderry, et exposée au Tower Museum de Londonderry avant d’être présentée aux habitants de Terre-Neuve en 2018.
Elle est exposée à l’Hôtel du gouverneur à Saint John’s, sur un trépied conçu par Robert Buchanan, président de la filiale Londonderry de la Royal Naval Association, en l’honneur des trois tronçons de l’itinéraire.
« C’est vraiment une belle cloche », note M. Buchanan.
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