Les vénérables hélicoptères ont rendu de multiples services à la guerre du Golfe
Quand l’Iraq envahit le Koweït, le 2 aout 1990, l’Organisation des Nations Unies mit sur pied une coalition de 35 pays pour libérer le Koweït et protéger l’Arabie saoudite limitrophe. Pour ce faire, il fallait empêcher les munitions et autres fournitures d’arriver jusqu’aux forces iraqiennes par la mer.
Trois vaisseaux de la Marine royale du Canada — l’Athabaskan, le Terra Nova et le Protecteur, portant cinq hélicoptères Sikorsky CH-124 Sea King du 423e Escadron de Shearwater, N.-É., faisaient partie de la contribution initiale du Canada à la force maritime d’interdiction.
Les vaisseaux arrivèrent dans le golfe Persique le 1er octobre 1990. L’Athabaskan et le Terra Nova servirent à arrêter les navires apportant du pétrole, de la nourriture et d’autres fournitures aux forces iraqiennes. Le Protecteur servit surtout à réapprovisionner les navires de la coalition, mais il prit également part à la fouille de navires. Plus de 6 103 navires furent arrêtés, 1 644 d’entre eux par des vaisseaux canadiens. Beaucoup furent arraisonnés et fouillés.
Les Sea King avaient été modifiés pour cette mission, et ils étaient munis de récepteurs d’alerte radar, du système de localisation GPS et de nouvelles mitrailleuses pour se défendre des attaques aériennes et détruire les mines flottantes. Ils pouvaient également repérer les petits navires qui tentaient de forcer le blocus pendant la nuit. Et ils étaient utiles pendant les manœuvres d’accostage.
Une invention canadienne rendait les hélicoptères propres au service lors de ce genre d’opérations. Après la Seconde Guerre mondiale, on pensait que les hélicoptères nécessitaient de grandes plateformes d’atterrissage comme les ponts de porte-avion. Le Sea King avait été mis au point au milieu des années 1950 pour la guerre avec les sous-marins et leur surveillance pendant la guerre froide, mais après la mise hors service du dernier porte-avion du Canada, la marine dut trouver moyen de les faire atterrir sur des contretorpilleurs. Ce n’était pas chose facile d’atterrir sur un pont qui tanguait et qui roulait quand la mer était agitée. La MRC créa donc le « Beartrap » (piège à ours, NDT), dispositif servant à retenir l’hélicoptère sur le pont. Lorsqu’il est prêt à atterrir, l’hélicoptère se place au-dessus du Beartrap et fait descendre un filin au bout duquel est fixée une sonde que l’équipage attache à un gros câble de treuil. Ce dernier tire sur l’aéronef jusqu’au pont et les mâchoires du Beartrap l’empêchent de glisser par-dessus bord.
Le piège carré, mesurant moins de deux mètres de côté, se trouve dans une fente au centre du pont d’envol. Après que l’hélicoptère est sécurisé et que les pales du rotor et du pylône de queue sont pliées, le dispositif tire l’hélicoptère dans le hangar en coulissant le long de la fente. Ce dispositif est maintenant utilisé par les marines partout dans le monde.
L’Iraq ne tint pas compte des demandes de quitter le Koweït. La guerre aérienne commença à la mi-janvier et la guerre au sol, le 24 février. On ne s’attendait pas à ce que beaucoup de navires marchands pénètrent dans la zone de guerre, alors les vaisseaux canadiens mirent le cap sur le Canada au début du mois de mars.
Le 7 avril, quatre jours avant la signature de l’armistice entre la coalition et l’armée iraqienne, les trois navires, accompagnés par cinq hélicoptères Sea King, entrèrent dans le port d’Halifax sous les acclamations de la foule.
Les Sea King furent ensuite utilisés pour les opérations de recherche et sauvetage, de secours en cas de catastrophe, de maintien de la paix, de pêche et de détection de pollution. Les vénérables hélicoptères furent retirés en 2018, après 55 années de service.
« C’est un bel appareil, dit le capitaine Don Leblanc au Victoria Times-Colonist. Quand je pilotais un Sea King, je n’avais jamais d’appréhension ni d’angoisse, je n’ai jamais craint pour ma vie. Il m’a toujours ramené au bercail. »
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